
La dynamique révolutionnaire qui s'est emparée du monde arabe n'en finit pas de surprendre tant par son ampleur que par sa portée. L'aspiration à la démocratie, au pluralisme et à la justice sociale laissaient croire que la région arabe allait enfin retrouver le sens de l'histoire. Aujourd'hui, l'heure est au pessimisme. Six ans après les révolutions, les pays arabes traversent leurs moments les plus difficiles. Au-delà de toute spéculation sur les évolutions politiques actuelles, le présent essai a pour ambition première d'analyser cette phase critique de l'histoire du monde arabe.
L’habitat nous concerne tous, mais peine à s’affirmer comme un enjeu de société. Pourtant, le mouvement des Gilets jaunes et la crise sanitaire l’ont remis au centre des préoccupations. En effet, les transformations du logement sont une caisse de résonance des défis contemporains : accueil des migrants, transition écologique, jeux du marché, place de l’État, solidarité et ségrégation...Ce dossier, coordonné par Julien Leplaideur (consultant « Habitat-inclusion-société »), étudie les dynamiques du secteur pour comprendre les tensions sociales actuelles, à la veille des élections présidentielles. Avec les contributions de Michel Agier (anthropologue de la ville), Christophe Robert (délégué général de la Fondation Abbé Pierre), William Le Goff (géographe), Vincent Le Rouzic (économiste), Nathalie Bittinger (maître de conférences en études cinématographiques) et Alain Damasio (romancier).
Autrefois simples témoins des conflits, les journalistes sont aujourd'hui perçus comme des acteurs à part entière de ces crises. Alors que les médias internationaux n'ont souvent plus du tout accès aux zones les plus difficiles, le rôle des journalistes des pays concernés devient déterminant aussi bien pour l'évolution interne de la crise que pour sa perception à l'extérieur par le reste du monde. Le projet ILYM, conçu par CFI, l'agence française de coopération média et l'iReMMO, a pour objectif d'analyser en profondeur le rôle et l'attitude des médias durant les crises en cours au Yémen, en Libye et en Irak, à travers des échanges entre praticiens de l'information et observateurs extérieurs.
La dynamique révolutionnaire qui s'est emparée du monde arabe n'en finit pas de surprendre tant par son ampleur que par sa portée. L'aspiration à la démocratie, au pluralisme et à la justice sociale laissaient croire que la région arabe allait enfin retrouver le sens de l'histoire. Aujourd'hui, l'heure est au pessimisme. Six ans après les révolutions, les pays arabes traversent leurs moments les plus difficiles. Au-delà de toute spéculation sur les évolutions politiques actuelles, le présent essai a pour ambition première d'analyser cette phase critique de l'histoire du monde arabe.
Le projet de thèse tentera d'analyser le contexte actuel des relations euro-maghrébines à un moment où l'Europe connaît de profondes mutations : élargissement à l'Est , projet de constitution européenne et volonté d'affirmation sur la scène nternationale. Ces changements amorcés en mai 2004 avec l'adhésion des pays de l'Europe centrale et orientaleainsi que la dynamique initiée par la mondialisation ne seront pas sans conséquences directes sur le voisinage immédiat de l'Europe , à savoir le Maghreb. Ce projet de recherche a pour ambition de d'analyser et de s'interroger sur les répercussions de ces deux processus historiquesà savoir l'élargissement et la mondialisation sur l'avenir des relations euro-maghrébines . Cette étude sera consacrée aux enjeux , défis et perspectives que posent la mondialisation et l'élargissement à l'Est à la région maghrébine . Seront également abordées aussi bien les questions politiques et géostratégiques que les problémes socio-économiques et culturels. Pour cela , on vérifiera l'hypothèse selon laquelle la mondialisation et l'élargissement marginaliseront davantage le Maghreb . Nous tenterons d'analyser , un à un ...
Comment Daech a-t-il pu terroriser des populations à travers le monde par le biais de sa propagande ? Quels sont les mécanismes qui ont été mis en place par le groupe pour recruter et conserver une emprise sur ses membres ? Pourquoi la France a-t-elle été l'un des pays les plus touchés par les attentats terroristes djihadistes ? Comment peut-on lutter efficacement contre une propagande en constante évolution et usant des réseaux sociaux pour se diffuser ? Cet ouvrage tente, avec le recul nécessaire, de répondre aux nombreuses questions sur les mécanismes et les enjeux de la propagande de Daech en France, en Irak et en Syrie. La production de contenus djihadistes est certes moins importante qu'il y a quelques années mais est toujours active.
Peut-on concilier misère et soleil ? Comment faire l'expérience d'une destination quand le pays dont elle est le nom vit de plein fouet une crise telle qu'elle en défigure les peuples autochtones et en frelate les paysages récréatifs ? En donnant la parole aussi bien aux touristes qu'aux acteurs économiques, ce livre entend étudier la manière dont la crise impacte, ou non, le sens de la pratique touristique. Le tourisme est aujourd'hui traversé par une crise de valeurs à laquelle l'industrie touristique ne souhaite pas apporter de réponse, laissant le champ libre à des acteurs locaux pour inventer une autre manière d'être touriste.
L'effondrement de l'autoproclamé Califat de Daech en Irak et en Syrie a laissé place à de nombreuses inconnues sur la mise en oeuvre d'une justice transitionnelle dans ces deux pays. En particulier se pose la question de la matérialité du jugement des djihadistes étrangers. L'exécutif français entretient une certaine ambiguïté sur ce sujet. Il préfère déléguer le sort judiciaire de ses ressortissants djihadistes aux autorités irakiennes ainsi qu'aux forces kurdo-syriennes, tout en procédant au retour, « au cas par cas », de leurs enfants. Pourtant les conditions du jugement demeurent problématiques dans ces deux pays. Se pose alors la question de l'adéquation de cette position française avec ses engagements constitutionnels, conventionnels et européens.
L'islamisme ou islam politique ne cesse depuis de longues années de susciter controverses et polémiques intarissables, en particulier dans le contexte français. Les attentats terroristes commis au nom de l'islam à partir de 2015 ont rendu confus ce qui a trait au fait islamique. La visibilité des signes d'appartenance à l'islam dans l'espace public est ainsi souvent assimilée à la pointe avancée de l'islamisme, qui, lui-même, peut également être associé au djihadisme, soit l'activisme meurtrier. C'est pourquoi une sociologie critique est nécessaire, car elle offre la possibilité d'identifier avec rigueur l'idéologie islamiste, ses particularités, le profil de ses théoriciens les plus célèbres, ainsi que la diversité des modes discursifs et d'action déployés par les militants, entre autres dans le contexte majoritairement musulman, mais pas seulement.
Cette étude débute par un résumé des principales assises de l'islamologie appliquée de Mohammed Arkoun, pour ensuite, en comparaison, présenter la notion, les visées et les choix épistémologiques de l'"islamismologie appliquée". Cette nouvelle approche permet une relecture du phénomène de l'islamisme, surtout à l'ère du post-Printemps arabe. En second lieu, à la suite d'une présentation de huit approches analytiques traitant le phénomène de l'islamisme, cette étude fait ressortir des apports et des lacunes. La principale lacune demeure le manque d'importance donnée aux textes fondateurs sur les discours et pratiques des islamistes. Il émerge de ces textes une conception islamiste fondamentale de l'organisation de la société que cette étude analyse ensuite, pour voir dans quelle mesure elle est compatible avec les valeurs minimales du "bien vivre ensemble". Enfin, toujours à la lumière des textes fondateurs, cette étude examine la vision islamique fondatrice dans la prise de décision politique d'après l'interprétation islamiste normative. Celle-ci peut servir, dans des études à venir, de point de référence pour évaluer l'influence de cette vision...
Après un rappel de la tradition historiographique coloniale française, cet ouvrage, qui traite du système colonial entre politique et primat des armes, renvoie le lecteur au temps long d'une histoire, peu ou prou partagée entre le nord et le sud de la mer Méditerranée - en arabe, la mer moyenne ; ce qui explique in fine la conquête militaire de l'Algérie à partir de 1830, puis la mise en place dudit système. Ce livre tente de synthétiser les formes et le fond des répliques à la colonisation, qui aboutissent à la guerre d'indépendance de 1954-1962, sans pour autant effacer l'entrelacement - traumatique certes, mais bien tangible - entre Algériens et Français.
L'objectif de ce livre est d'examiner les effets de la religion et du communautarisme sur les institutions politiques et médiatiques de la société libanaise. Les conclusions reposent sur l'analyse d'un corpus de nouvelles télévisées issues des quatre chaînes principales : Al-Manar, MTV, LBC et Future. L'auteure démontre que ces médias, loin de contribuer à la construction de l'identité nationale, favorisent le repli communautaire et accroissent le fossé entre les différentes communautés libanaises.
Terre de contrastes, pays carrefour, occident arabe le plus éloigné, partisan maghrébin d'un dialogue avec l'Occident ...l'histoire politique récente du Maroc ne manque pas de signes qui permettent de justifier ou d'infirmer ces images toutes faites. Longtemps retranché du monde extérieure, le Maroc a su résister à toute domination politique et religieuse, et défendre une indépendance et une unité de récente formation, en s’appuyant sur l’héritage de son passé historique et sur sa propre expérience étatique. L’attachement à l’Islam et le respect de la tradition n’ont pas seulement garanti une identité et une souveraineté ; ils continuent d’imprégner le processus de modernisation entamé bien avant le Protectorat, au point d’inspirer encore largement l’esprit du régime, le fonctionnement complexe du système, et les règles subtiles du jeu politique actuel. Autoritaire et libéral à la fois, jouant des tensions multiples d’une société composite pour en préserver la stabilité et l’unité, puisant dans la tradition les moyens d’assumer la modernité en gardant son identité, le Maroc semble se nourrir de ces contradictions ou de ces...
Ce volume entend éclairer la réalité actuelle des Hamadcha, confrérie au croisement de l'islam et du monde africain, fondée au 18e siècle. Il est superbement illustré d'un article complémentaire, inspiré d’une démarche d’anthropologie visuelle.
Considéré aujourd’hui comme une œuvre majeure dans l’histoire de la pensée, le Traité de la nature humaine passa inaperçu au moment de sa parution en 1739. David Hume le dit tombé “mort né des presses” et tient sa forme pour responsable de son échec. Qu’à cela ne tienne, il en rédige sous couvert d’anonymat un Abrégé qu’il destine à la critique. Prêt à défendre coûte que coûte ses idées nouvelles, il y clarifie non seulement son Traité mais en dégage en quelques pages les questions centrales : la nature des idées, le lien de causalité et la question du libre-arbitre. Surtout, il y traite de manière originale et approfondie de la notion de croyance.Paru en 1740, il n’est remis à la disposition du public qu’en 1938. Si l’histoire démentira l’insuccès du Traité, l’Abrégé du Traité de la nature humaine est un texte clé pour en saisir l’ampleur et la modernité.
Les Algériens d'aujourd'hui, dans leur culture et leur organisation sociale, sont les héritiers d'une riche histoire millénaire, qui ne se réduit pas aux siècles écoulés depuis l'avènement de l'islam et aux cent trente-deux ans de la domination coloniale française. C'est à la découverte de cet héritage antéislamique, trop méconnu, qu'invite Gilbert Meynier. Après l'évocation des découvertes archéologiques qui montrent que le territoire de l'actuelle Algérie fut l'un des premiers berceaux de l'humanité, il retrace l'histoire, à partir des IVe-IIIe siècles avant l'ère chrétienne, des États qui s'y constituèrent alors. Analysant avec finesse l'étonnante permanence de certains de ces traits ancestraux, sans pour autant négliger l'impact des multiples ruptures historiques précédant l'arrivée des conquérants arabes et de l'islam, Gilbert Meynier offre ici les clés nécessaires pour comprendre les racines de l'Algérie contemporaine. Une lecture indispensable pour dépasser, des deux côtés de la Méditerranée, les simplifications et les stéréotypes fabriqués aussi bien par la colonisation que par l'histoire officielle de l'Algérie indépendante.
La France, à l’instar de nombreux autres pays développés, s’est dotée depuis plusieurs décennies d’une organisation de la gestion de crise. Elle dispose d’un arsenal législatif et réglementaire complet, d’institutions spécialisées et de plans d’action. Elle organise régulièrement des exercices de simulation à l’échelle nationale ou locale. Comment expliquer l’impréparation face à la pandémie de la Covid-19 ? Les auteurs de cet ouvrage ont recueilli « in vivo » du matériau à chaque étape de la gestion de cette crise. Leur analyse des faits montre que l’exceptionnalité de la situation ne doit pas masquer des défauts de coopération structurels bien connus en sociologie des organisations : cloisonnement, alliances, désaveu du management intermédiaire, etc. Un retour d’expérience indispensable. Sociologue, Henri Bergeron est directeur de recherches au CSO (Centre de sociologie des organisations, CNRS Sciences Po). Directeur de recherches, Olivier Borraz dirige le CSO (CNRS Sciences Po). Sociologue, Patrick Castel est chargé de recherche au CSO (CNRS Sciences Po). Sociologue, François Dedieu est chargé de recherche à l’INRAE, membre...
Benoît Collombat et David Servenay ont retrouvé des archives inédites et rencontré les témoins : politiques, militaires, " barbouzes ", etc., dont certains ont souhaité témoigner pour l'Histoire.Vingt ans tout juste après le génocide, ce document brûlant démont(r)e ce que les Français doivent savoir des entreprises d'intoxication politico-médiatiques qui ont voulu exonérer la responsabilité de leur pays. Que faisaient au Rwanda ces militaires français, avant et pendant le dernier génocide du XXe siècle ? Ont-ils joué un rôle, et lequel, dans l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, cette " ténébreuse affaire " qui a déclenché le début des massacres le 6 avril 1994 ? Quelles opérations militaires clandestines ont été conduites au Rwanda ? Dans quel but ? Des armes ont-elles été vendues et livrées au gouvernement du génocide ? Auprès de qui ces soldats, dont le plus célèbre d'entre eux, Paul Barril, prenaient-ils leurs ordres à Paris ? Et que savaient les hauts responsables politiques et administratifs français de ce qui se préparait ? Pour répondre à ces questions toujours brûlantes, Benoît Collombat et David Servenay ont...
L'expérience est un objet de travail pour les chercheurs et pour les praticiens. C'est un objet de stimulation, imposé par les spécificités du public adulte, qui a un vécu, une expérience à prendre en compte. Objet de stimulation revendiqué : il est vecteur de différenciation et d'identité. C'est, aussi, un objet polémique vers lequel convergent la plupart des problématiques de la formation des adultes. Il s'agit ici d'aborder la notion d'expérience telle qu'elle est traitée dans le champ de la formation des adultes et de la formation professionnelle. Cette approche se fait en lien étroit avec une certaine actualité : celle de la mise en place, en France, de la validation des acquis de l'expérience, à la suite de la validation des acquis professionnels ; celle aussi d'une préoccupation - au moins européenne - pour le thème de la validation des acquis. Et enfin celle d'une évolution de la place et des usages de l'expérience dans le monde socioprofessionnel. Valorisation et formalisation semblent ainsi devenir les thèmes les plus actuels de l'expérience. La revue " Savoirs " a pour vocation de favorises la production, la valorisation et la mise en débat des ...
Comment les islamistes voient le monde ? Sur quelle conception des relations internationales repose leur engagement politique et religieux ? Lorsqu'ils ont pu présider aux destinées de leurs coreligionnaires dans certains Etats, comment ont-ils traduit, renforcé ou amendé leur discours d'opposition et de rupture par rapport aux règles du jeu diplomatique ? Cet ouvrage, réunissant des spécialistes de l'islam politique dans plusieurs pays, fait la lumière sur cette question centrale des relations internationales contemporaines à une époque où le monde arabe est en ébullition.
« C’est une question de point de vue... » On associe aujourd’hui la perspective à l’individualisme, à l’affirmation d’une vérité privée et indépassable. C’est oublier la tradition de la perspectiva communis, celle qui fait de la perspective le vecteur d’un horizon commun. Au croisement de la science, de l’art et de la philosophie, le livre exhume une tradition que l’on se doit de redécouvrir : le point de vue, ce n’est pas seulement ce qui divise, c’est aussi ce qui se partage. Au lieu d’incriminer le perspectivisme d’avoir fait le lit de la post-vérité, et de la perte d’une référence à un monde réel, il est temps de retrouver en quoi la perspective n’est pas qu’une affaire de relativisation, mais de réalisation. C’est à la perspective que nous devons notre perspicacité : « à travers » – voilà le mot-clé pour comprendre son opération. Une mise en regard d’enjeux anciens et contemporains, où s’entrecroisent les arts visuels, l’architecture, la phénoménologie et l’anthropologie sociale. Autant de manières de faire l’éloge d’une perspective qui se décline invariablement au pluriel. « C’est une question...
Longtemps, les femmes ont été absentes du grand récit des migrations. On les voyait plutôt, telles des Pénélope africaines, attendre leur époux, patientes et sédentaires. Il n'était pas question de celles qui émigraient seules. Elles sont pourtant nombreuses à quitter leur foyer et leurs proches, et à entreprendre la longue traversée du désert et de la Méditerranée. Fondé sur une recherche au long cours, menée aux marges de l'Europe, en Italie et à Malte, ce livre est une enquête sur la trace des survivantes. Au fil des récits recueillis, il restitue leurs parcours, de déchirements en errance, de rencontres en opportunités. Entre persécutions, désir d'autonomie et envie d'ailleurs, les causes de leur départ sont loin d'être simples et linéaires. Les Damnées de la mer offre ainsi une remarquable plongée dans leur vie quotidienne, dans des centres d'accueil où leur trajectoire est suspendue, dans l'attente d'une reconnaissance de cette Europe qui souvent les rejette. L'ennui et la marginalisation sont omniprésents. Mais ces femmes sont également résistantes et stratèges, à la recherche de lignes de fuite. En restituant les multiples facettes de...
L’abondante littérature qui analyse les dérives populistes dans le monde laisse curieusement de côté Israël, où elles sont pourtant patentes. À plusieurs reprises au cours des douze dernières années, cette démocratie s’est trouvée au bord du gouffre. Retraçant la trajectoire de la « seule démocratie du Proche-Orient », de sa naissance aux années Netanyahu, Samy Cohen montre combien elle est hybride, fragile et fragmentée. La société a éclaté en deux camps. L’un, attaché aux valeurs libérales, est prêt à des compromis avec les Palestiniens, quand l’autre, sensible aux sirènes nationalistes et religieuses, reste indifférent à l’État de droit. Qui l’emportera ? C’est l’avenir de la démocratie israélienne qui est en jeu. Samy Cohen, directeur de recherche émérite à Sciences Po (CERI), est l’auteur notamment de Tsahal à l’épreuve du terrorisme (Seuil, 2009, Prix du Grand livre 2009 des professeurs et maitres de conférences de Sciences po) et Israël et ses colombes. Enquête sur le camp de la paix (Gallimard, 2016).
Sans nous en apercevoir, nous donnons constamment un sens à notre environnement pour agir. Une activité interprétative est au cœur de l'action. Nous utilisons pour cela des "habitudes d'interprétations", qui sont autant de ressources issues de notre expérience passée. Par quels processus les opérateurs interprètent-ils leurs environnements? Comment se développent les capacités à les interpréter ? Quelles sont les conditions du développement des capacités interprétatives ?
Cet ouvrage reprend la matière des conférences et discussions qui eurent lieu lors d'une journée d'étude organisée par le CEDEJ. La thématique principale en était la question de l'autoritarisme, comme catégorie analytique mais aussi en tant que concept opératoire pour l'étude des sociétés du monde arabe aujourd'hui. Sur ce thème, les interventions de Michel Camau et Luis Martinez ont en commun d'apporter des éclairages et d'étoffer la réflexion, à partir de deux entrées différentes. Si l'un parle de consolidation, l'autre pose la question de la violence comme épreuve critique, voire ultime, de l'autoritarisme.
Le Moyen-Orient est souvent associé à une modernité avortée, à l'islamisme ou encore au tribalisme. Au-delà de ces grilles de lecture qu'il revisite, cet ouvrage définit le Moyen-Orient contemporain comme le produit d'une histoire mouvementée. Il analyse notamment la question de l'autoritarisme, trait commun à l'ensemble de la région qui surdétermine le fait politique, en partant du double concept d'hégémonie et d'ingénierie sociale. Il insiste sur la reproduction des États autant par la coercition que par une série de ressources de durabilité, parmi lesquelles un complexe jeu de cooptation. Prenant acte d'une fatigue sociale généralisée qui se traduit par une démobilisation ancrée dans la durée, il souligne l'importance de nouveaux modes de résilience et de contestations observés dans de nombreux pays de la région. Enfin, il accorde une attention particulière aux faits communautaires et minoritaires, produits de processus historiques complexes, aux rapports intergénérationnels et aux représentations du corps comme autant de déterminants de l'action politique et dans certains cas du radicalisme, islamiste ou non, dans l'ensemble du Moyen-Orient.
Souvent réduite à la proclamation d'anathèmes, tel l'appel au meurtre brutal lancé en 1989 par l'âyatollâh Khomeini contre l'auteur des Versets sataniques, Salman Rushdie, une fatwâ se présente pourtant, dès son origine, comme un simple avis juridique en droit islamique, qui vise non pas tant à contraindre qu'à éclairer le croyant. Les fatwâs traitent ainsi de multiples questions, d'abord religieuses, mais aussi bien économiques et sociales, et forment un ensemble gigantesque qui se confond avec la vie sociale et politique des pays musulmans. Précisant d'abord la perspective historique nécessaire à leur compréhension, en rappelant leur origine scripturaire dans le Coran, ainsi que les procédures, la typologie et le contexte de promulgation des fatwâs, Stéphane Valter explore les transformations des usages liés à leur production et à leur diffusion dans le monde moderne. Il consacre ainsi une partie de son analyse à l'influence majeure et très conservatrice de l'idéologie wahhâbite et au contrôle religieux exercé par le régime saoudien. Dans un dernier volet passionnant, l'auteur consacre ses réflexions sur les fatwâs en rapport à de grandes...
La 4e de couverture indique : "On s'est beaucoup interrogé sur le pourquoi du "Printemps arabe" mais aucun ouvrage n'avait encore étudié comment il s'était déroulé. Parce que la plupart des chercheurs ici réunis ont observé les événements en direct, ce livre offre une véritable ethnographie des protestations "en train de se faire". Les contributions portent sur les pays qui ont connu un changement de régime (Tunisie, Egypte, Yémen, Libye) mais également sur ceux où la répression a permis aux pouvoirs en place de se maintenir au moins temporairement (Syrie, Bahreïn) et sur ceux où les protestations n'ont pas débouché sur une situation révolutionnaire (Maroc, Algérie, Jordanie). L'approche adoptée par les auteurs permet de rendre pleinement compte de la spécificité de chacun des contextes étudiés, montrant comment l'élan révolutionnaire, qui balaie alors le monde arabe, connaît des traductions locales très diverses. L'étude de ces révolutions montre aussi qu'elles ne sont pas une simple éruption spontanée qui viendrait réveiller une société jusque-là apathique mais qu'elles s'enracinent dans l'histoire des contestations de chacun des pays...
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