
La querelle des dispositifs. Cinéma installations, expositions
Auteure: Raymond Bellour
Nombre de pages: 576– Dites-moi au moins l'argument de la querelle. – Oh! il est si simple qu'il paraît pauvre face à tant de points de vue qui aménagent plus ou moins une dilution du cinéma dans l'art contemporain, et son histoire à l'intérieur de l'histoire de l'art. La projection vécue d'un film en salle, dans le noir, le temps prescrit d'une séance plus ou moins collective, est devenue et reste la condition d'une expérience unique de perception et de mémoire, définissant son spectateur et que toute situation autre de vision altère plus ou moins. Et cela seul vaut d'être appelé cinéma. – Vous ne suggérez tout de même pas une primauté de l'expérience du spectateur de cinéma sur les expériences multiples du visiteur-spectateur des images en mouvement de l'art dont on tend à le rapprocher ? – Évidemment non. Il s'agit simplement de marquer qu'en dépit des passages opérant de l'une aux autres et inversement, ce sont là deux expériences trop différentes pour qu'on accepte de les voir confondues. On n'oblige personne à se satisfaire de la vision bloquée de la salle de cinéma. Ce désert de Cameraland, disait Smithson, ce coma permanent. On peut préférer la...