
Le papier ne peut pas envelopper la braise
Auteure: Rithy Panh , Louise Lorentz
Nombre de pages: 324« Dans un pays qui a subi des décennies de guerre, le signe évident de la fêlure sociale apparaît dans l'exploitation économique et politique du corps » écrit Rithy Panh dans son avant-propos. Aun Tauch, Da, Mab, Phirom, Môm : elles sont des dizaines, dans le Building blanc, au centre de Phnom Penh, à travailler chaque soir sous la surveillance d'un « placeur » chargé de rabattre les clients. De très jeunes femmes, prostituées dès l'adolescence, venues de la campagne vendre à la capitale leur virginité, pour nourrir leur famille. Très vite, le peu d'argent auquel elles ont droit sert à rembourser les dettes contractées auprès de leurs patrons, qui les tiennent ainsi prisonnières, et à acheter le mâ, cette drogue à base d'amphétamines qui leur permet de tenir. Tel une caméra invisible, Rithy Panh montre « ces fragments de vie pour dire le désastre anonyme de près de 30 000 femmes au Cambodge ». Misère matérielle et affective, sida, avortements à répétition, honte, mais aussi chants et rires, disputes et bavardages sans fin, confidences, joie des retrouvailles avec l'enfant, car elles sont parfois mères, espoir d'une existence autre témoignent...