
Les sciences sociales, lorsqu'elles oublient leur vocation critique, ne produisent plus que de simples discours idéologiques, ou d'expertise, prompts à conforter la pensée commune. Mais comment définir exactement l'exigence critique à laquelle elles sont tenues ? Et comment la réaffirmer dans le contexte actuel de la recherche ? Onze chercheurs tentent ici d'apporter des réponses en prenant appui sur les enquêtes qu'ils ont menées à propos d'objets très différents. Leurs analyses soulignent combien la pratique des sciences sociales demeure incomplète tant qu'elle refuse de penser ses effets politiques. Mais elles montrent aussi qu'en sciences sociales, la critique se joue tout autant à travers la contribution des chercheurs au débat public que, indissociablement, dans leurs démarches d'enquête, la discussion de leurs travaux et la clarification collective de leurs pratiques.
Aux errances intellectuelles qui ont caractérisé certains débats sur la corruption (considérée tour à tour comme tonique ou toxique, comme vecteur d’intégration ou d’exclusion sociale, comme moyen d’influence politique ou ultime recours d’une citoyenneté amputée), les auteurs de cet ouvrage ont préféré une entrée résolument empirique, méthodologiquement éclectique et à vocation comparative. La nature de l’objet l’impose. C’est justement en raison de son ubiquité, à la fois spatiale et temporelle, que la nébuleuse des « échanges occultes » offre un terrain de recherche aussi accidenté que fécond...
La lutte contre la corruption est aujourd'hui devenue le leitmoitiv de toutes les politiques menées en Afrique au nom du développement. Echouant très souvent à atteindre leurs objectifs, ces politiques anticorruption sont rarement étudiées en profondeur. Olivier Vallée en offre ici une analyse novatrice et radicale, fondée sur une connaissance intime des rouages de l'économie politique du continent. Ce livre propose une ambitieuse théorie critique des politiques internationales et locales de lutte contre la corruption, mais aussi une herméneutique des discours moraux et normatifs qui les accompagnent. A partir de l'analyse comparée des deux pays stigmatisés par Transparency International, le Cameroun et le Nigeria, il retrace la floraison de discours, d'enquêtes, de lois et d'organes de contrôle qui tentent d'endiguer la corruption africaine. Il raconte aussi les retournements et la réversibilité de ces processus d'endiguement.
Depuis les années 1980, l’eau est devenue un objet de préoccupation au sein de la communauté internationale. Cette substance vitale a désormais acquis une valeur marchande qui dicte la conditionnalité de l'aide au développement dans les pays du Sud. Le forage hydraulique est au cœur de la réforme de privatisation qui traverse le Sénégal. Pour appréhender cette infrastructure, l’auteur revisite une posture ethnographique popularisée par l’École de Manchester : l’entrée sur le terrain par les conflits. En mettant en lumière les différents dysfonctionnements que connaissent les forages, elle interroge les processus au travers desquels se négocient et se construisent autorité publique et légitimité politique dans le Sénégal contemporain. Cette étude ethnographique minutieuse explore le processus de formation de l’État au carrefour de l’anthropologie politique, de l’anthropologie juridique et de l’anthropologie du développement. Le forage apparaît ici comme un lieu de l’État et pour l’État. À ce dernier, le forage permet de se construire et de se reproduire sur son territoire. Aux sciences sociales, de répondre aux questions suivantes : ...
Jean-Pierre Oliver de Sardan s'est toujours préoccupé de former de jeunes chercheurs et s'est attaché à constituer de véritables équipes de recherche. Autour de son oeuvre, ses "compagnons de route" soulignent combien ses réflexions ont irrigué leurs propres travaux et comment il a ainsi contribué à entraîner la discipline anthropologique vers un certain type de pratique scientifique combinant une forme particulière d'engagement, un rapport exigeant au terrain et une façon d'écrire accessible à tous.
La lutte contre la corruption et la promotion de la "bonne gouvernance" sont aujourd'hui devenues les priorités des politiques de coopération internationale. Or, avant d'engager de nouvelles croisades pour l'assainissement des Etats africains, il convient d'éclairer les mécanismes concrets de leur fonctionnement ordinaire. Et surtout de saisir les logiques sociales qui contribuent à la pérennité du fait corruptif. Fondé sur des enquêtes ethnographiques novatrices, révélant le fonctionnement réel des douanes du port de Cotonou, de la justice au Niger ou de la passation des marchés publics au Sénégal, ce dossier offre un regard neuf sur les relations entre fonctionnaires et usagers des services publics en Afrique.
La politique, c’est aussi de l’argent. En France, le sujet est tabou. Malgré les réglementations mises en place depuis la fin des années 1980, l’opacité règne en la matière et les scandales s’enchaînent : détournement de fonds publics, fortunes privées au service des fortunes électorales, mécomptes partisans et usages de fausses factures, évasion fiscale et patrimoniale des élites publiques, etc. Pour lever un pan de voile sur le financement de la vie politique, l’auteur adopte un angle original, celui des conditions dans lesquelles les nouvelles réglementations ont été forgées : qui les a portées, dans quels contextes ont-elles été adoptées, quelles résistances ont-elles dû surmonter, comment ont-elles été instrumentalisées et avec quels effets ? Conçu par et pour des élus passés experts dans l’art de contourner les normes qu’ils édictent, focalisé sur la recherche de transparence plutôt que sur l’évaluation des besoins, le modèle français demeure très flou, peu contraignant, source de contentieux et d’exploitation politique.
Comment évoluent les enfants africains, à cheval entre les traditions de leurs parents et la mondialisation culturelle ? Quelles valeurs sont transmises à ces enfants ? Quels rôles tiennent le père, la mère, la famille élargie dans un contexte de transition culturelle ? Comment est vécue l'adolescence ? Quelles places pour le rapport au corps, à la parole, à la sexualité, à la maladie et à la mort ? Voilà quelques questions que ce livre aborde. Aujourd'hui l'Afrique s'urbanise et une partie de sa population émigre vers l'Occident. Qu'est-ce qui permet d'imputer telle attitude observée chez un enfant africain à ses origines culturelles, vu les nombreuses influences étrangères auxquelles il est soumis : religieuses, environnementales, politiques, économiques et historiques ; nous pensons ici au rôle de l'esclavage et de la colonisation ? Ce livre est un voyage dans le temps. La première partie est consacrée à l'univers psychologique et culturel de l'enfant en Afrique. La deuxième s'intéresse à l'enfant africain dans un contexte de migration, principalement en France.
L’anthropologie proposée dans cet ouvrage met au centre de sa réflexion le terrain ethnographique comme induisant, de fait, la mise en place de relations intersubjectives complexes qui participent à et pèsent sur l’enquête ainsi que sur la production du savoir. Les régimes d’engagement de l’anthropologue avant, pendant et après son enquête constituent alors un questionnement nécessaire et fondamental pour l’exercice du métier et la compréhension des mondes sociaux. Les auteurs évoquent tour à tour comment ils se sont trouvés pris dans des interrelations qui les ont conduits à omettre certains aspects contradictoires, dérangeants ou compromettants des situations observées. Tous ont entrepris une démarche critique et réflexive sur leurs expériences de terrain et leurs rencontres et ont cherché à comprendre comment elles ont influencé à la fois leur raisonnement anthropologique et les modalités d’écriture au moment de la restitution de leur recherche. Cette étude des situations et des relations tissées sur le terrain permet alors de comprendre comment les humains donnent sens à leur monde et décident de leurs actes. Cet ouvrage interroge...
"Les coulisses du politique dans l'Europe contemporaine" offre en 3 volumes une autre histoire du politique dans un souci de transparence par rapport à ces phénomènes, à la fois montrés du doigt et dissimulés. Rédigé par un collectif d'historiens qui éclairent d'un jour nouveau les critiques et les jugements pesant sur la scène actuelle du politique en en discréditant les acteurs, cet ouvrage met à la disposition des chercheurs, enseignants et étudiants les outils propres à décrypter cette "histoire du politique".
Au sein ou à la périphérie des Etats africains contemporains gravitent nombre d'acteurs devenus particulièrement visibles depuis les récentes recompositions étatiques. Parmi eux, se détachent des individus ou des groupes dont les pouvoirs ont été renforcés par la valorisation du " local " et des coopérations transétatiques - élites locales, organisations non gouvernementales, devenues des porte-drapeaux de la " société civile " - ainsi que des associations et des syndicats d'hier revigorés par la consolidation des acquis démocratiques. C'est à partir de ces différents " acteurs émergents " que les auteurs mettent en perspective et élucident les désordres liés aux mutations des dernières années. L'irruption plus ou moins violente de grands changements socio-politiques - adoption des programmes d'ajustement structurel, mondialisation, " transition démocratique ", renforcement des pouvoirs de la société civile - remet-elle en cause la centralité de l'Etat dans les destinées politiques et économiques des sociétés africaines ? Les stratégies déployées pour le contourner ou pour le dédoubler, les guerres civiles visant son contrôle, les critiques...
Pour résoudre les problèmes économiques et sociaux les plus variés, l'intervention publique de " développement " doit d'abord construire des grilles de lecture du monde. En ce sens elle est essentiellement fondée, pour le meilleur ou pour le pire, sur une activité intellectuelle, voire " cognitive ", qui dans les faits relève tout autant de savoirs empiriques, de la " pensée sauvage ", que de modèles constitués et indépendants des contextes. Les études réunies dans ce livre abordent cette question à partir d'une observation concrète d'une variété de situations du monde. Elles montrent dans le même mouvement la variété des thèmes que les cadres du développement sont désormais amenés à traiter ou à affronter : l'assistance électorale à la démocratie par des moyens pacifiques, l'extension de la législation internationale du travail aux peuples " indigènes et tribaux ", " l'optimisation " des frontières, les relations entre " bonne gouvernance " et sécurité publique, la " quête d'identité " d'agents du développement, " l'approche systémique " dans les réformes agraires, la " souffrance sociale ", " l'épreuve du feu " pour les humanitaires, deux ...
Après la vague post-moderniste des années 1980, on assiste à un « retour à la description ». Attentif à la réalité quotidienne des pratiques descriptives en histoire, en anthropologie et en sociologie, ce volume s’intéresse aux formes concrètes de la description dans l’espace ou le temps, d’une discipline à l’autre. Il aborde le travail descriptif spécifique aux sciences sociales, comme les « descriptions des autres », que le chercheur en sciences sociales utilise comme source ou comme objet de sa recherche.
Les études apportent une contribution multidisciplinaire (politique, économique, sociologique, anthropologique) au débat sur la réforme de la fonction publique dans les pays du Sud (Afrique, Asie, Amérique latine).
Toutes les sociétés humaines sont traversées par des rapports de pouvoir, et donc par une tension constante entre un ordre supposé et sa contestation toujours possible. L'anthropologie cherche à saisir le politique qui émerge des tensions entre peuples et gouvernements, entre forces de l'histoire et actions des individus, entre réalités locales et dynamiques globales. Pour aborder toutes ces questions, l'anthropologie politique a développé des outils d'enquête et d'analyse spécifiques, que ce manuel se propose de présenter d'une manière claire et synthétique. Le point de vue adopté ici, fondé sur une synthèse des principaux travaux francophones et anglophones notamment, envisage le politique comme une dimension inhérente à toute relation sociale. Il s'agit donc d'un manuel sur l'anthropologie du politique, mais qui offre aussi des outils pour comprendre comment faire de l'anthropologie politique, du point de vue des méthodes, des concepts et des considérations éthiques. Elaborés à partir de l'étude du politique depuis les sociétés "tribales" jusqu'au monde contemporain et postcolonial, ces outils s'appuient sur la capacité de l'anthropologie à...
L'Afrique a le triste privilège de compter entre un quart et un tiers des réfugiés officiellement recensés chaque année dans le monde. Les flux migratoires qu'ont entraînés les conflits armés et les famines qui leur étaient liées, en particulier, ont provoqué des déplacements massifs de population. Les conséquences de tels exodes vont bien au-delà des crises humanitaires. Le regroupement des déplacés dans des camps, notamment, a contribué à susciter de nouvelles cultures civiques en prise sur le temps mondial.
The present APAD Bulletin contains a selection of papers presented at the APAD 2010 Conference in Ouagadougou, Burkina Faso, on the theme "Engaging Anthropology for Development and Social Change: Practices, Discourses and Ethics." Anthropological engagements face important challenges at the interface of research and development. The different ways by which anthropologists take on societal problems - either in their research capacity, as development experts, as activists, or as citizen - are inscribed in a longstanding debate. In this APAD Bulletin, the contributors deal with the central questions of how and under which conditions anthropology engages with society. The papers range from epistemological reflections and methodological queries to the anthropology of per diem and of public health, as well as to practical problems confronting anthropologists engaged in development cooperation. [PLEASE NOTE: This volume's Introduction is in English text. The remaining text is French language text only. There is no English translation.] (Series: APAD Bulletin - Vol. 34)
Les contextes de crise et d'ultraliberalisme qui traversent l'Afrique aujourd'hui faconnent un grand nombre d'entrepreneurs d'un nouveau genre : ils ne sont pas forcement des commercants, des promoteurs, des petits patrons ou des businessmen du secteur informel, ils evoluent dans d'autres mondes sociaux. Qu'il s'agisse de l'art, de l'enseignement ou du religieux, ces univers produisent des entrepreneurs qui savent innover, gerer des contraintes, developper des strategies d'accumulation et faire preuve d'un veritable savoir faire managerial. Le parti pris de cet ouvrage est de considerer que la faculte d'entreprendre ne releve pas du seul champ economique, mais s'etend a d'autres spheres d'actions (politique, culturelle, religieuse, sociale) presentees comme vecteurs d'innovation.
Depuis la chute du mur de Berlin, les discours politiques et les valeurs qu'ils véhiculent n'ont plus le monopole de la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance. Des agences de coopération, des ONG, des fondations et des organisations internationales coproduisent des politiques publiques dans un certain nombre de pays en transition et qui sont en train de réformer leur système politique. Cet ouvrage réunit des études de cas concernant une variété de pays (Afghanistan, Sénégal, Kirghizstan, Cuba, Serbie, Bulgarie, Pakistan, Nigeria, Bolivie, Azerbaïdjan, Indonésie) pour mettre au jour l'unicité d'un nouveau dispositif de pouvoir transnational qui s'impose à l'échelle mondiale. Guidés par une démarche comparative, les auteurs de cet ouvrage tentent de répondre à la question suivante : Ce nouveau dispositif participe-t-il à l'universalisation de la démocratie ou à la généralisation d'une forme de pouvoir transnational inédit ?
L'éthique en entreprise est aujourd'hui sous les projecteurs du grand public. En réaction, les entreprises élaborent une réflexion où se côtoient les valeurs, la responsabilité sociale et la notion de citoyenneté. Pourtant, la réalité du terrain et les objectifs d'efficacité et de rentabilité sont encore souvent en contradiction avec les standards éthiques de la société. Les dispositifs mis en oeuvre pour promouvoir l'éthique en entreprise semblent insuffisants pour freiner les débordements que suscitent parfois les objectifs annuels et les bonus. Et si les discours éthiques servaient de boucliers aux entreprises pour se protéger et exposer leurs collaborateurs aux assauts de la justice et du grand public ? Le présent ouvrage éclaire sur la géométrie variable du couple éthique et entreprise et sur les pièges parfois sous-jacents aux discours des entreprises dans lesquels se laissent entraîner des collaborateurs trop naïfs. L'ouvrage déconstruit six idées reçues sur l'éthique en entreprise grâce à des exemples marquants tirés de l'actualité récente et à des explications claires sur les conséquences des différentes attitudes adoptées en...
Partout dans le monde la corruption ne cesse de prendre des proportions inquiétantes, devenant une lourde menace pour la démocratie et sapant l'économie. Si elle n'est plus un tabou et si les médias en parlent de plus en plus, cela ne signifie pas pour autant qu'elle recule. Bien au contraire, elle semble progresser plus vite que la dynamique qui vise à la réduire, voire à la neutraliser. Cet ouvrage présente les enjeux du combat contre la corruption et apporte un éclairage nécessaire à tous ceux qui, de plus en plus nombreux, en Afrique et ailleurs, s'engagent pour éradiquer ce fléau. La démarche de Transparency International (TI) s'inscrit dans la création d'un vaste mouvement mondial de lutte contre la corruption, actif dans plus de 80 pays, dont une trentaine en Afrique, et implique tous les acteurs concernés : Etat, secteur privé et société civile. Cette Organisation non gouvernementale s'est dotée d'un instrument de travail en langue anglaise, le TI Source Book, conçu comme un manuel de référence pour la lutte contre la corruption. Le présent ouvrage est plus qu'une traduction. C'est une adaptation au contexte spécifique de l'Afrique dite...
La connaissance savante s’élabore dans les milieux académiques et revendique des qualités particulières de cohérence et de vérité. La connaissance vulgaire ou ordinaire est produite tant par les médias, les professions, que par le public non spécialisé, en manifestant des propriétés conditionnées par son usage courant. Elles peuvent être comparées sur un certain nombre de critères, en mettant en évidence la frontière souvent floue et perméable qui les sépare. Surtout, la première influence la seconde par un processus de vulgarisation et, plus profondément, par la performativité qu’elle exerce à travers des dispositifs techniques. En sens inverse, la seconde inspire la première par un processus de savantisation qui décante et abstrait ses concepts et mécanismes les plus originaux. Ce processus bouclé, qui ne saurait converger, est illustré par des exemples puisés dans dix sciences sociales.
L’irruption du postmodernisme a favorisé la critique des avant-gardes artistiques du XXe siècle, des idéologies qui les avaient portées et même des œuvres qu’elles avaient produites. Ces mises en cause ont occulté autant que révélé un ensemble de questions théoriques et historiographiques. Que signifie la fin des avant-gardes ? De quelle histoire celles-ci relèvent-elles ? Comment évaluer la force durable des œuvres, indépendamment des discours qui ont accompagné leur création ? Que nous disent-elles de notre modernité ? Ce livre prolonge l’ultime préoccupation du philosophe Rainer Rochlitz (1946-2002) dans le domaine de l’esthétique : repenser les relations entre l’art, la société et le politique. Réunis initialement au sein d’un séminaire à l’EHESS, les auteurs de ce volume, spécialistes des arts plastiques, de la photographie, de la musique, de la littérature ou de l’esthétique, proposent une réflexion sur les modes d’attribution de sens et de valeur à l’art moderne et aux avant-gardes historiques.
À partir d’entretiens répétés auprès des détenus, des sortants de prison, de leurs familles, comme de l’administration pénitentiaire et des ONG, d’observations conduites dans la prison et dans les quartiers de Yaoundé, Marie Morelle dévoile le quotidien de la prison centrale de Yaoundé. Elle dépasse les stéréotypes sur les prisons africaines, souvent réduites à des espaces surpeuplés et délabrés, signes « d’États en crise » et encore mal connus, et met en perspective les actions et les discours nationaux et internationaux sur les prisons. Plus largement, l’auteure éclaire la vie urbaine des populations dominées et les pratiques de régulation dont elles font l’objet de la part des autorités au Cameroun. Démontrant l’existence d’un continuum liant prison et quartiers populaires, elle montre comment le pouvoir en place gère la pauvreté comme les oppositions politiques en ville. À la croisée des approches urbaine, sociale et politique en géographie, cet ouvrage s’adresse aux étudiants en sciences sociales et à toute personne engagée sur les questions carcérales et sur les droits de l’homme.
L’investissement pour le développement durable relève de stratégies multiples, aux enjeux complexes. En son cœur, l’aide au développement reste une politique publique insuffisamment connue, tout en étant perçue comme indispensable pour compenser les inégalités. Avec l’implication d’un nombre croissant d’acteurs, l’émergence d’une nouvelle civilité internationale oblige à penser des politiques multidimensionnelles à l’échelle de la planète. L’aide déborde désormais du seul cadre des États et des institutions multilatérales, étendant sa toile à des acteurs qui se diversifient : États fédéraux comme collectivités territoriales, ONG ou entreprises, etc. En suivant le fil rouge des financements internationaux, ce livre révèle les tensions et les forces qui traversent le monde du développement. Pour saisir ses mutations, il déploie une approche interdisciplinaire, donnant aux savoirs et concepts qui le composent une profondeur historique aussi bien qu’un champ prospectif.
Le parcours de chercheur de Jean-Pierre Chauveau, aussi foisonnant que cohérent, suffirait à justifier l'hommage d'un livre. Au cours de plus de quarante années de recherches, d'enseignements et de débats scientifiques, il a, dans les échanges directs comme par ses écrits, influencé la façon de penser d'une foule de chercheurs et de praticiens du développement. Ses travaux ont jalonné la réflexion sur des dimensions structurantes des processus de développement et de construction mutuelle de la société civile et de l'État en Afrique sub-saharienne. Loin de la paraphrase ou de l'évocation hagiographique, les contributions réunies dans cet ouvrage proposent des mises en dialogue et en débat des analyses de Jean-Pierre Chauveau, parfois aussi des témoignages d'une rencontre marquante. Écrites par des chercheurs d'horizons divers, elles partagent avec leur inspirateur cette curiosité inépuisable pour la dynamique des sociétés africaines confrontées à la "mécanique" du développement, mais aussi, parfois, un certain émoi pour le temple d'un torero, les rebonds voluptueux d'une rumba ou ceux, plus capricieux, du ballon ovale. Cette suite de conversations avec...
" ""The 30th Anniversary of CODESRIA, held in Dakar in December 2003 under the theme """"Intellectuals, Nationalism and the Pan-African Ideal"""", yielded an impressive crop of papers. This book brings together eight of the numerous papers presented on Regional Integration, Democracy and Pan-Africanism, amongst which are those by Bernard Founou-Tchuigoua, Jean-Pierre Olivier de Sardan and Alexis Adand?. Each author explores from a special angle questions related to regional integration, democracy or Pan-Africanism. The contributions explore the diversity of paradigms which have been forged or applied on the African continent during the last century, especially in the course of the liberation movement and early post- independence era. Indeed, these paradigms, which largely remain relevant, are re-appraised in the light of contemporary realities."""
Au Mali, les technologies de l'information et de la communication (TIC) ont suscité un vif engouement. Portés par l'ancien Président Alpha Oumar Konaré, de nombreux projets gouvernementaux ont vu le jour. Parallèlement, les cybercafés se sont multipliés : moins de dix en 1997, ils étaient presque plus de 120 en 2006. Si les possibilités de se connecter à domicile et sur son lieu de travail se sont développées, les cybercafés restent des espaces idéaux pour découvrir les pratiques numériques. Une façon d'étudier les usages de l'Internet est de s'intéresser aux liens qui se nouent autour de l'ordinateur. La situation est complexe à Bamako, car les personnes qui accompagnent les clients des cybercafés sont nombreuses. L'analyse de cette nébuleuse relationnelle est l'occasion de procéder à un double détour. Géographique d'abord, dans la mesure où l'anthropologue est conduit à quitter le cybercafé pour se rendre dans l'espace social plus vaste appelé le Cyber. Disciplinaire ensuite, puisque son regard se déplace progressivement du média vers l'étude des règles qui régissent la parenté et les classes d'âge. Pour le lecteur, cette balade dans les...
A l'occasion du 30e anniversaire du CODESRIA, une importante moisson de contributions a été faite autour du thème central de la grande conférence commémorative, tenue à Dakar en décembre 2003, à savoir : "Intellectuels, nationalisme et idéal panafricain". Cet ouvrage réunit huit des nombreuses communications de la rencontre sur l'intégration régionale, démocratie et panafricanisme, dont celles de Bernard Founou-Tchuigoua, de Jean-Pierre Olivier de Sardan et d'Alexis Adandé. Chacun des auteurs a exploré, sous un angle particulier, des questions relatives à l'intégration régionale, à la démocratie ou au panafricanisme. Autant de paradigmes qui ont été forgés ou qui ont été examinés dans leur application au continent africain au cours du siècle passé, particulièrement durant la lutte pour l'émancipation et au lendemain des indépendances. En fait, ces paradigmes, qui gardent apparemment toute leur actualité, sont à nouveau examinés à la lumière des réalités contemporaines.
Comment la recherche de sciences sociales en et sur l’Afrique a-t-elle évolué durant les quatre dernières décennies ? Quelles sont les lignes et les fractures épistémologiques qui se dessinent aujourd’hui ? Quel sens cela a-t-il de continuer à promouvoir des études africaines dans les universités ? Qui y parle d’Afrique, et à qui ? Ce sont ces questions qui traversent ce double numéro, conçu à l’occasion des 40 ans de Politique africaine. La création de la revue avait marqué un engagement fort, à une époque où les contextes scientifiques, mais aussi politiques et idéologiques, n’étaient pas les mêmes. Les approches par le bas ouvraient la recherche à de nouveaux terrains tout en posant une distance critique à l’égard des compréhensions de l’Afrique focalisées sur les relations de domination entre le continent et le reste du monde. D’autres rapports de domination sont aujourd’hui mis en cause tant à l’intérieur de l’Afrique qu’au sein même du champ des études africaines. Et le continent apparaît comme un espace singulier où questionner plus globalement le devenir du monde à l’ère néolibérale. Rassemblant les...
Le rôle et l’image des femmes en milieu rural dans les pays du Sud oscillent aujourd’hui entre les figures d’« actrices » engagées dans la recherche de solutions face aux crises environnementales, de « prédatrices » de la nature et de « victimes » de la dégradation de l’environnement. Or, peu de travaux interrogent les liens entre logiques et normes de genre et changements environnementaux, que ce soit dans le monde académique, politique ou militant. Pourtant, les pratiques des hommes et femmes comme leurs savoirs associés dans la préservation et la conservation des ressources naturelles diffèrent. Les ressources économiques, les pouvoirs politiques et les valorisations sociales sont distribués de manière inégale, avec des modalités et une intensité variables selon les sociétés et les milieux. En mettant en avant des recherches originales d’auteur-e-s du Sud et du Nord, cet ouvrage contribue à nourrir le débat sur le rapport des hommes et des femmes à l’environnement dans les sociétés rurales au Sud. Il met en lumière les évolutions en cours sur des enjeux de développement majeurs : agrobiodiversité, alimentation, accès aux organisations ...
Pourquoi les projets de développement, les interventions des ONG ou les politiques publiques nationales sont-ils tous soumis à d’importants écarts entre ce qui était prévu et ce qui se passe effectivement ? Cet ouvrage apporte une réponse documentée à ce « problème des écarts ». Les politiques publiques standardisées, telles les politiques de développement omniprésentes en Afrique, méconnaissent les contextes dans lesquels elles sont mises en oeuvre. Dans cette confrontation, les acteurs locaux jouent un rôle majeur. Les multiples stratégies de contournement des directives et protocoles officiels suivent des « normes pratiques » implicites ignorées des experts internationaux, mais que l’observation du terrain peut mettre en évidence. C’est un phénomène qui va au-delà du développement : tout se passe comme si l’Afrique révélait de façon paroxystique une revanche des contextes dont on peut trouver des exemples dans le monde entier. Pour analyser ces processus, un dialogue est noué entre d’une part des données de terrain particulièrement riches, et d’autre part une vaste littérature en sciences sociales revisitée afin de mieux rendre...
Une véritable crise affecte les fondements mêmes du concept de service public : au fur et à mesure que les services publics s’émancipent du contrôle administratif et remplissent des fonctions commerciales, la frontière avec la sphère privée se brouille ou se réduit. Dans le même temps, le secteur privé s’empare des logiques et des missions autrefois réservées au secteur public. Ainsi se font jour, par exemple, des actions du secteur associatif qui tentent d’infléchir les politiques publiques. À partir de recherches de terrain menées sur les deux rives de la Méditerranée – Algérie, Cisjordanie, France, Italie, Maroc – cet ouvrage montre comment se matérialise l’enchevêtrement des secteurs public et privé dans le quotidien des travailleurs. Il met l’accent sur les conséquences pour les usagers/clients, sur la redéfinition des métiers, et sur les répercussions au niveau des rapports sociaux et des représentations, au-delà de la sphère professionnelle. À partir d’un panorama de divers secteurs du service public, dans différents pays méditerranéens, cet ouvrage dévoile l’éventail des possibles, la richesse, ainsi que la complexité...
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