
La lumière noire d’Elsa Triolet
Auteure: Alain Trouvé
Nombre de pages: 230A-t-on jusqu’à présent lu les romans d’Eisa Triolet autrement qu’à travers le prisme des mythologies célébrant ou dénonçant la Muse, l’égérie rouge ? Ce livre voudrait faire percevoir dans les failles et les blancs du tissu romanesque l’empreinte de la poésie, sa « lumière noire », pour reprendre le mot d’Aragon. Celle qui dirigea la publication d’une Anthologie de la poésie russe, qui traduisit de sa langue natale Maïakovski et Tsvetaïeva, n’osa jamais s’aventurer dans l’écriture envers. Le bilinguisme aiguise néanmoins chez elle l’attention à la singularité de la langue et favorise peut-être une approche fondée sur la recherche d’une cohérence intuitive. Souvent, le récit trioletien outrepasse son réalisme supposé et procède par enchaînements métaphoriques de séquences hétérogènes, comme dans les rêves. La voix narrative consent ainsi à l’abandon partiel de souveraineté déjà à l’œuvre dans les textes surréalistes ; ce faisant, elle ouvre un champ plus large aux interprétations. Aussi peut- parler ici de « lecture littéraire », au sens de recréation on vraiment, partageant avec l’écrivain la dimension...