
Je n’aime de l’histoire que les anecdotes , déclarait Prosper Mérimée (1803-1870). À découvrir la vie de cet autre enfant du siècle, il semble pourtant malaisé de séparer la première des secondes. La myriade d’aventures du père de Carmen, qui inspira le célèbre opéra du même nom, le lie intimement à tous les personnages et événements marquants de son temps. Tour à tour écrivain de génie, inspecteur général pour la protection des monuments historiques, prisonnier à la Conciergerie, académicien français, séducteur sans pareil, sénateur à 50 ans, et confident avisé des grand(e)s du siècle, Prosper Mérimée offre au lecteur une place de choix pour contempler ce fascinant XIXe siècle. Ainsi, lire Mérimée, c’est voyager au côté des auteurs les plus marquants de la littérature du siècle, Stendhal, George Sand et Victor Hugo pour ne citer qu’eux. Suivre Mérimée, c’est être engagé au plus près de l’intimité du second Empire. Fréquenter Mérimée, c’est tout connaître de Paris, de ses salons et de ses intrigues. Voyager avec Mérimée, c’est partir pour la province et les monuments qu’il a la charge de sauver de la...
"Lire les Pensées de Pascal, c'est faire l'expérience d'un désordre dont nous sommes inconsolables. En détenir deux ou trois exemplaires pour commencer, puis dix, puis vingt, dans un nombre presque aussi grand de versions différentes, est une étrange expérience. L'ordre ? Il n'a pas progressé depuis plus de trois siècles ; il ne s'est pas défait non plus. D'entrée de jeu, il était perdu. Toutes ces variantes semblent autant de manières de l'approcher, mais aussi bien de s'en éloigner. Depuis le déchiffrement des papiers laissés par l'auteur et les embellissements de la première édition, jusqu'aux plus récentes tentatives d'organiser ces fragments, on a choisi de redonner ici les étapes d'une lecture aventureuse. C'est la vie même de Pascal, énigmatique elle aussi, qui apparaît alors par bribes au fil de la lecture : anecdotes, objets, lettres, rares témoignages. Dans ce fouillis prodigieux, le lecteur des Pensées reconnaît son propre trouble. Trois cents ans plus tard, nous sommes toujours dans la chambre d'un mort." Marianne Alphant, philosophe et romancière, dirige les "Revues parlées" au Centre Georges Pompidou. Elle a publié trois romans : Grandes...
Après la disparition de son père, en 1651, et l’entrée de sa sœur Jacqueline à Port-Royal en 1652, Blaise Pascal approfondit sa conversion profonde à la religion chrétienne et au jansénisme, parachevée en 1654 par une nuit d’illumination mystique. Le mathématicien et physicien génial, déjà malade, aborde là les dernières années de son existence, qu’il va consacrer à l’apologie de la religion et à la vie spirituelle : en 1655-1656, pendant l’une de ses retraites à Port-Royal, il écrit l’Abrégé de la vie de Jésus-Christ, tentative d’accorder en une seule version les quatre Évangiles. L’usage est alors de rédiger des méditations sur tel ou tel mystère de la vie du Christ : Blaise en écrit une, Le Mystère de Jésus-Christ, à laquelle répond celle de Jacqueline, Le Mystère de la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le frère et la sœur, très douée aussi, que Corneille voulait voir écrire des vers, communient dans la poésie du mystère chrétien. Édition établie par Gaspard-Marie Janvier.
Ce volume constitue un recueil d'annexes à l'appui de l'ouvrage d'Alain Messaoudi, Les arabisants et la France coloniale. Savants, conseillers, médiateurs (1780-1930), Lyon, ENS Éditions, 2015. Disponible en version imprimée, il est aussi publié sous version électronique, en ligne : [http://books.openedition.org/enseditions/3705]
J’ai longtemps laissé croire que ma mère était encore en vie. Je m’évertue désormais à rétablir la vérité dans l’espoir de me départir de ce mensonge qui ne m’aura permis jusqu’alors que d’atermoyer le deuil. Après vingt-trois ans d’absence, Alain Mabanckou retourne à Pointe-Noire, ville portuaire du Congo. Entre-temps, sa mère est morte, en 1995. Puis son père adoptif, peu d’années après. Le fils unique ne s’est rendu aux obsèques ni de l’un, ni de l’autre. Entre le surnaturel et l’enchantement, l’auteur nous ouvre sa petite valise fondamentale, celle des années de l’enfance et de l’adolescence dans ses lieux d’origine. Au moment de repartir, il se rend compte qu’il n’est pas allé au cimetière. Sans doute était-ce inutile. Car c’est ce livre qui tient lieu, aussi, de tombeau. Et de résurrection.
Le plaidoyer de Markus Ludescher pour la « vertu démocratique » du courage civil est basé sur des textes littéraires de différentes époques et provenances géographiques, qui abordent les contextes sociaux les plus divers, tels que la France sous l'Occupation, la France postcoloniale ou le Québec des années 90. Dans une première partie philosophique et théorique, l'auteur donne un panorama historico-culturel du concept de courage civil et développe des paramètres propres à sa définition ; cette définition est adaptée dans la deuxième partie aux approches littéraires. La dernière partie est didactique, elle aborde les textes littéraires sous l'angle de la réception et de l'enseignement : il s'agit de remettre en question, dans une perspective éthique, les situations et les comportements décrits dans les textes, pour les intégrer dans l'enseignement. Cette étude, qui a reçu deux prix, est, selon une experte, un « travail extraordinaire, dépassant de loin ce qu'on peut attendre d'un mémoire de maîtrise ».
Des études de quelques représentations produites par Pascal et à Port-Royal, un parcours à travers certains discours et certaines images qui instruit le procès critique de la représentation en France, dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Cette reche
La France de la Restauration et de la Monarchie de Juillet semble obsédée par la crainte de la Compagnie de Jésus, rétablie en 1814. Des centaines de libelles, épîtres, chansons, romans dénoncent les Jésuites, et le pouvoir occulte qu’ils exerceraient ; Béranger les chansonne ; Stendhal en est hanté, et Balzac fasciné ; Michelet et Quinet les stigmatisent ; le mélodrame et le vaudeville s’en emparent ; avec Eugène Sue et A. Dumas, le roman-feuilleton les peint sous le jour le plus noir. Pourquoi cette haine ? Pourquoi cette peur ? Le mythe jésuite en décrit les expressions littéraires, et en livre les significations par une étude précise des textes et du contexte politique où ils s’inscrivent. Cette rhétorique de l’exécration dessine la figure de l’ennemi et forge l’image, redoutable et fascinante, du pouvoir moderne. Le mythe jésuite jette ainsi une lumière saisissante sur les sources de notre imaginaire politique.