
Livres des guerriers d'or
Auteure: Philippe Le Guillou
Nombre de pages: 384Postface inédite de l'auteur
Postface inédite de l'auteur
Il s’agit de se dire à travers les paysages et les villes, dans la pudeur et les intermittences de la mémoire. De faire revivre quelques présences essentielles, témoins des sutures décisives d’une existence. Passent ainsi les veilleurs ancestraux, quelques intercesseurs lus puis rencontrés – Mohrt, Gracq, Déon, Fernandez, Grainville –, défilent surtout les paysages qui, depuis L’inventaire du vitrail, ne cessent d’inspirer l’écrivain : la rivière du Faou, les grèves de l’Aulne, quelques sanctuaires élus, les berges de la Loire, les quais de la Seine et du Tibre, les tourbières d’Irlande et les proues basaltiques, Paris et son royaume intérieur.
De souche chrétienne, Philippe Le Guillou vit chaque jour avec Jésus. Comment le voit-il ? Comment l'entend-il ? Pour nous répondre, il a choisi deux voies : nous raconter la vie du Christ à la lumière des sources historiques les plus irréfutables et de l'Ancien Testament auquel Jésus s'est sans cesse référé et, pour mieux nous faire comprendre l'esprit de cette prodigieuse aventure, nous entraîner dans la relation personnelle qu'il entretient avec lui. Ainsi Philippe Le Guillou ose-t-il nous introduire dans la pensée même du Messie jusqu'aux heures les plus sombres de son existence. Il nous fait partager ses jugements, le sens de la mission qu'il s'est impartie, ses désarrois et ses moments de solitude. Seul un écrivain de sa dimension pouvait trouver les mots justes pour nous parler avec audace et pudeur de cette histoire sans précédent, qui a bouleversé à jamais l'humanité.
«C'était il y a peu, moins de cinquante ans, et on croirait que tout cela remonte à mille ans. Il suffit que je revienne au Faou, pourtant, et le génie des lieux ravive aussitôt les sortilèges d'un monde qui continue de vivre, fidèle aux mythes, aux rites, loin des atteintes d'une modernité ravageuse. Les lilas blancs et bleus du jardin paradisiaque de Kerrod, les buis, les palmiers, le vert des prairies, les eaux vives sous le pont de bois et au début des paluds, les boiseries dorées de Rumengol, la perspective des sources au-delà de l'épaisseur forestière ressuscitent, massive et sûre, la plénitude de l'enfance, d'un monde sans ombre, sans faille, protégé de présences aimantes, immémorial, transparent – éternellement présent.» Philippe Le Guillou.
Je ne saurais dire à quel moment le sentiment de la nécessité des livres s'est imposé à moi. Très tôt, dès l'enfance, j'avais aimé éperdument les mots et le refuge de l'imaginaire. Je m'étais inventé des vies, des territoires, en chérissant quelques vocables dont la matière sonore, le chatoiement et le suc me nourrissaient. Pour Philippe Le Guillou, l'amour des mots et de la langue remonte à l'enfance. De son adolescence dans le Finistère jusqu'à la publication de son premier roman au Mercure de France (L'inventaire du vitrail, en 1983), il évoque ici ses années de formation. La présence tutélaire de ses deux grands-pères, l'influence de certains professeurs et, surtout, la rencontre avec des écrivains, Patrick Grainville, puis Michel Tournier, furent déterminantes. Empreint d'une grande sensibilité, émaillé de très belles pages sur la Bretagne et ses paysages, cet autoportrait est avant tout l'hommage d'un écrivain à la littérature.
C'est une activité curieuse que celle à laquelle je me livre, je reviens au nimbe des commencements, comme un archiviste halluciné et maniaque, un adorateur nocturne qui voudrait capter dans la ténèbre de son chagrin l'éclat de la lumière des débuts et des seuils. L'histoire est passée, éblouissante, implacable, tragique et elle me laisse seul sur la rive. À moi à qui la littérature a tant donné il ne reste que le secours des mots. Me revient-il de donner à Hélène le tombeau qu'elle n'a pas souhaité avoir ? Elle ne repose pas auprès de son grand-père, qu'elle admirait tant, dans le petit cimetière de Logonna-Daoulas. Elle a voulu cette incinération, ce néant des flammes qui m'effraie plus que tout. Tombeau : c'est une forme, c'est un chant dont j'aimerais qu'il n'eût pas la froideur mallarméenne. Je rêverais plutôt pour elle d'un lit de lumière, d'une nef enchantée qui l'emmène loin, dans la tradition ophélienne des dérives celtiques.
'Et la mort est arrivée en plein cœur de novembre, avec la tempête, les bourrasques qui dépouillaient les arbres, avec surtout la sauvagerie qui ensanglantait Paris. Dans sa descente vers le trépas, mon père n’aura pas pu mesurer cette barbarie, le déferlement de la violence guerrière qui, au moment où son existence s’achevait, lui aurait rappelé les heures noires de son enfance, les rafles, les assassinats aveugles de supposés résistants, la pluie de bombes, la destruction de Brest. La mort de mon père en plein mois noir, à la ligne de fracture de ce novembre historique qui dépasse largement cet événement douloureux et intime, correspond avec cette plongée dans des temps et un monde de haute incertitude. Le 13 et le 17 novembre 2015 m’ont touché comme peu de dates et d’événements auparavant. Je me sens à jamais orphelin d’une stabilité, d’une espérance définitivement perdues.'
Qui est Thomas Daigre, célèbre écrivain reclus dans un château en Irlande ? Que cache-t-il de sa vie passée, de ses amitiés avec des intellectuels soupçonnés de collaboration ? Pour comprendre et reconstruire une certaine vérité, le narrateur va voir chez lui, dans un donjon qui domine la mer et la lande, le vieil homme dont il admire l'ouvre. Il rencontrera aussi le majordome de Lonveigh et Florence Daigre, étrange peintre qui fait poser son père nu en saint Sébastien percé de flèches. Mais on n'entre pas dans tant de secrets sans être atteint soi-même au plus profond...Les falaises de l'Irlande, les tourbières, les prairies qui surplombent le champ des vagues et le chaos des rochers servent de toile de fond à cette histoire passionnée où l'on retrouve, comme dans Le dieu noir et La rumeur du soleil, l'envoûtement des paysages et le vertige de la mémoire.
'J’ai mesuré tout à l’heure qu’il y aura bientôt trois ans que tu es partie. Trois ans au cours desquels je n’ai pratiquement rien fait, sinon me remémorer et t’attendre.' À Londres pour y exposer ses dernières sculptures, le narrateur repense à sa sœur aînée, la pianiste Anna Horberer, qu’il vient de perdre. Inconsolable, il brosse le portrait de cette femme crainte et adulée, une artiste brillante qui savait capter les regards et qui lui a tout pris, jusqu’à son meilleur ami. À mesure que surgissent les souvenirs, on découvre la pulsation des années, les passions, les doutes et les désirs cachés, la rage de jouer, et ce lien entre eux, aussi mystérieux qu’inaltérable.
À Paris, à la fin des années 1970, au cœur d'une ville en pleine métamorphose, Marc Verney, un jeune homme venu de Bretagne, continue de rêver et d'errer. Il s'essaie à l'écriture, travaille chez un commissaire-priseur où il inventorie une bibliothèque. Djila, la patronne du Bar d'Orgueil qu'il aimait tant, a disparu. Entre les hauteurs de l'ancien mont Orgueil et la fosse des Halles, Marc s'invente de nouvelles habitudes. Il devient le confident d'un homme rencontré naguère au bar où il venait lire auprès d'un candélabre. Ce piéton de Paris, mystérieux et hautain, livre peu à peu sa vérité : très jeune, il fut nommé archevêque et, à la suite d'une obscure affaire, l'Église l'a dessaisi de sa charge. Celui qui fut un seigneur mitré n'est plus qu'un errant solitaire qui recherche l'apaisement au bout de sa confession. Au gré des rencontres, il révèle ses tiraillements et ses déchirures, ses goûts et sa soif de liberté – l'inavouable qui fut à l'origine de sa perte. Si la figure du prélat déchu fascine par son éclat et son soufre, elle n'éclipse pas pour autant les compagnons de désir, Aurélien et Sébastien, l'extravagante Sylvie et surtout...
On ne sait rien, ou presque, des douze premières années de la vie du Christ, de ses jeux, de ses peurs, de son univers familial, de sa formation. Or voici que par la grâce d'indiscrétions familières ou de la restitution de maints épisodes sacrés, nous entrons dans ce secret de l'origine du monde, dans la révélation de la scène primordiale et fondatrice. De Nazareth à Jérusalem, de la visitation des Mages à la confrontation avec les docteurs du Temple, de l'atelier de Joseph aux citadelles des Esséniens, l'Enfant-Dieu grandit en découvrant, à la faveur d'un jeu inexorable de questions, le mystère de sa destinée, sa différence, sa vocation de faiseur de miracles et de fils placé sous le sceau d'une double paternité. Récit d'apprentissage sacré, Évangile apocryphe imaginaire coordonnant secrètement tous les autres, conte de Noël et de l'Épiphanie, bréviaire poétique ou antiphonaire inédit, le livre est cette fiction dans laquelle l'esprit, se mettant en scène sous les espèces du Fils de l'Homme enfant, se concentre sur lui-même, revenant sur ses brisées pour tenter d'en arrêter le chiffre et de se ressouvenir de ce qui, du Verbe et de la Création,...
Paris, au début des années 1970. L'ancien ventre de Paris devient un immense chantier, le visage de la capitale change. Des hommes hostiles à cette défiguration s'insurgent et fondent une association, "Les Insulaires". Parmi eux, un peintre, Kerros, lui aussi attaché à la forme immémoriale de Paris. Mais il connaît bien celui que les protestataires appellent le "prince des modernes", Georges Pompidou. Dans un dialogue fictif entre l'artiste et le président, Philippe Le Guillou revient sur les années pompidoliennes, leurs contradictions et leurs mirages, leurs audaces architecturales et esthétiques.
'Le lien qui nous attache aux grandes figures de notre histoire a quelque chose de très singulier, de très personnel aussi, il dure, il perdure, il se déploie dans le temps, il s’émousse ou il s’altère ; ou, bien au contraire, il conserve l’infrangible éclat du diamant. Celui qui m’unit à de Gaulle, depuis les heures les plus enchantées de la petite enfance, n’a pas varié. Il traverse les époques et les âges de ma vie.' De Colombey à Londres en passant par l’Irlande, l’Algérie et Paris, ces stèles retracent les jours de gloire, les heures sombres et les instants décisifs qui composèrent la vie du général de Gaulle. Avec l’émotion du pèlerin et un regard qui n’est ni celui de l’historien ni celui du témoin, Philippe Le Guillou rend un hommage saisissant à l’une des plus grandes figures du XXe siècle.
"Au bord de l'abîme, lestés des merveilles du passé, dans une continuité vivante qui unit Virgile et le romancier ou le poète encore inconnu qui s'apprête à passer le seuil de la NRF, nous restons ces sentinelles, ces passeurs résolus que rien jamais ne décourage." Montherlant, Mohrt, Chaillou, Gracq, Déon, Flaubert, Tournier, de Gaulle, Malraux, Savitzkaya et bien d’autres : auteurs fétiches ou figures d’un Panthéon personnel auxquels Philippe Le Guillou consacre de véritables exercices d’admiration, ils sont tous là ceux qui l’ont nourri, accompagné, inspiré, et à qui il rend un hommage vibrant. Philippe Le Guillou insiste aussi sur la suprématie à accorder à la lecture vivante d’un texte. Et quand, au détour d’un chapitre, il évoque les attentats de Charlie Hebdo de janvier 2015, c’est pour nous rappeler ce que peut et doit la littérature face à la barbarie.
Octobre 2043 : dans le silence d'une abbaye normande, un homme parle. Il dicte à un magnétophone le récit de la folle aventure qui, en trois ans, l'a mené de Conques à Reims, de l'anonymat le plus complet aux feux de la vie publique. Un rendez-vous mystérieux l'attend à la fin du jour sur une grève au-dessous des falaises de Varengeville... Il raconte et sa parole n'a de limite que dans ce rendez-vous crépusculaire. Il se souvient. De sa jeunesse, de ses années de formation, de ses désirs, et surtout de l'instant où pour lui tout a basculé. Il a répondu favorablement à l'injonction du président d'une république usée qui, au soir de sa vie et du régime dont il avait la charge, lui demandait de prendre la route, il a marché jusqu'à Reims pour y recevoir un dimanche de Pentecôte l'ordination royale. Entre le printemps 2040 et l'automne 2043, il a été le roi Jean III... C'est son témoignage que nous livre ce roman, sa quête, ses espérances, ses blessures et ses désillusions, c'est sa voix que l'on entend, la confession ardente, entière, d'un pur qui aura passionnément, aveuglément cru en sa mission.
Erich Sebastian Berg naît à Munich en 1940. Après des études au collège bavarois d'Ettal, il entreprend son initiation de peintre chez un vieux maître d'Anvers. Il arrive à Paris et connaît un succès immédiat. Mais Erich Sebastian Berg est l'homme des passions, des emballements, des ruptures, des départs. Il disparaît, erre du côté de la Bretagne et de l'Irlande, continue de peindre, sous d'autres noms. Il aime, désire, peint des corps, des triptyques. Caché sous ses hétéronymes, il ne cesse de voyager et de produire, malgré les deuils, la solitude, la folie. Ce livre rassemble les cheminements de ce peintre imaginaire, ses rencontres, ses fascinations, ses œuvres, sa double vie, affective et créatrice. C'est l'histoire d'un homme immergé dans l'histoire et la création - des années 50 au début du nouveau millénaire, on voit, en effet, passer de Paris à Rome événements et figures qui auront marqué leur temps -, l'aventure d'un homme en quête du secret de son identité et de son art. Prix Médicis 1997
L'auteur, insatiable voyageur, s'est arrêté à Lisieux. Avec le désir irrépressible de sentir, de palper les lieux et les objets familiers de sainte Thérèse, il a pu aussi humer son esprit d'enfance... Pèlerin fasciné par la "petite Thérèse", Philippe Le Guillou se change au fil des pages en guide incomparable. Son récit, riche en descriptions et en émotions, entraîne le lecteur à le suivre et à partir à son tour en pèlerinage sur les traces vivaces de cette fille d'horloger qui, devenue carmélite, mesurait l'or du temps, affiné par la prière, en regardant... un sablier. Une grande sainte visitée par un grand romancier.
C'est une vieille histoire, une fascination originelle, ancrée – indestructible. Philippe Le Guillou est encore enfant lorsqu'il découvre le célèbre portrait du cardinal de Richelieu peint par Philippe de Champaigne. C'est un éblouissement. Qui ne serait impressionné par ce prélat de campagne, évêque de Luçon devenu député aux États Généraux, cardinal au service de l'État, aumônier et surintendant de la maison de Marie de Médicis, principal ministre de Louis XIII pour qui il oeuvra aussi comme chef des opérations militaires ? D'un tableau à l'autre, de livres d'histoire en promenades en Touraine, l'auteur cerne cet homme intransigeant. D'une plume qui se fait pinceau, il rappelle son intelligence redoutable, son ambition insatiable, son obsession de l'unité de l'État. Un homme d'ombre et de lumière, de complots et de coups d'éclat, que son corps malade ne laissa jamais en paix. Irrésistiblement, une fascination nous gagne. La même que celle qui foudroya l'auteur enfant devant la cappa magna du tableau de Champaigne, la main décharnée, osseuse, et la barrette, rouge comme une fleur de sang.
"Plus encore que celui de l'aventurier ou de l'homme fasciné par l'action, le visage qui domine, à mon sens, chez Malraux, est celui d'un inventeur de royaumes. À vingt ans, il part vers la jungle de la Voie royale pour chercher de fabuleuses statues khmères. Quelques années plus tard, il survole au-dessus du Yémen les ruines hypothétiques de la reine de Saba. Enfin, au soir de sa vie de romancier et d'essayiste, il invente, auprès de De Gaulle, le royaume d'une France restaurée, et il se fait mécène, passeur des ombres, avocat d'une culture offerte au plus grand nombre, grand prêtre de la République. Mais on ne saurait résumer une vie aussi complexe et aussi foisonnante à cette triade d'inventions. Aussi, cet hommage s'emploie-t-il à retrouver d'autres visages de Malraux - celui du combattant de la guerre d'Espagne, du résistant, celui de l'esthète et de l'historien d'art, et celui, plus intime, d'un homme perpétuellement hanté et frappé par la mort. Il s'agit donc d'un ensemble de variations autour d'une figure admirée, à travers les livres, les lieux, les rencontres et les jalons d'une vie. Il s'agit surtout d'un hommage à un homme d'exception et à une...
Le quartier du Sentier, les environs de la Bourse, l'ancien domaine de la presse et du textile, ses rues étroites, la frontière des Grands Boulevards, l'éminence du Montorgueil, la rue Poissonnière par laquelle les marées du Nord descendaient vers les Halles : ce vieux Paris, central et secret, se dévoile au cœur d'une exploration qui est bien plus qu'une cartographie nostalgique du IIe arrondissement. Paris intérieur est le carnet d'un marcheur attaché à cet espace stratégique, contigu à l'ancien "ventre de Paris". Il se déploie au rythme de promenades, de déambulations poétiques, attentives au présent, aux nouveautés, au passé aussi, toujours vivant et comme en filigrane. En une vingtaine d'années, le visage du quartier a changé, mais les fantômes, les souvenirs, les grandes figures surgissent au hasard des boutiques, des cafés, des rues, de leurs noms, de la part d'histoire qui leur est associée. Paris intérieur est le livre d'un piéton, à la suite de tant d'autres, qui chemine dans un territoire connu, habité ; c'est un certain regard aussi, personnel, porté par une émotion, un attachement à la capitale, à sa mémoire et à son imaginaire.
Tout romancier, à un moment ou à un autre de son parcours, s’interroge sur les raisons, les sources, les influences qui l’ont poussé vers la fiction. Il se souvient de ses premières lectures, de ses premières explorations du domaine romanesque. L’auteur du Dieu noir, des Sept noms du peintre et de La route de la mer traverse ici, de Chrétien de Troyes aux romanciers les plus contemporains, l’histoire du roman français dans sa diversité et sa richesse. On y retrouve les plus grands – Mme de Lafayette, Laclos, Balzac, Stendhal, Hugo, Proust, Gide, Tournier – et de nombreux autres, plus confidentiels ou parfois totalement oubliés. Le roman inépuisable propose une sorte d’histoire et de cartographie subjective du roman : on découvre le regard d’un lecteur qui nous ouvre sa bibliothèque ; on entend la voix d’un conteur fou de personnages, de paysages et d’intrigues. Tour à tour panorama littéraire et autoportrait d’un critique et d’un romancier, Le roman inépuisable célèbre avec ferveur un genre foisonnant, protéiforme et en perpétuel devenir.
"Parmi les œuvres romanesques parues au tournant du XXIe siècle, celles de Henry Bauchau, Sylvie Germain et Philippe Le Guillou révèlent une tentation singulière de la littérature narrative contemporaine. Investissant pleinement les ressources du récit, ces trois auteurs se situent dans une lignée littéraire qui entend actualiser l'expérience du mythe, de l'initiation, de la psychanalyse. Leurs romans explorent autant le monde élémentaire que l'intériorité, ils sont imprégnés par une vision sacrée du monde et par ce qui la remet en cause, ils assument des héritages culturels divers tout en explorant les possibilités de représentation de l'écriture. La notion de symbole se situe à la confluence de ces orientations. La figuration du réel témoigne de la recherche d'un sens, et fait appel à une interprétation ouverte. L'écriture manifeste la tentation pour l'homme d'approcher ce qui toujours le dépasse ou lui échappe : c'est la charge du symbole, et du roman, que de signifier la permanence de ce désir, les formes de cette expérience, et le vertige qui en découle."--Page 4 de la couverture.
Au Faou, petit village situé tout au fond de la rade de Brest, au rythme d'une scansion mystérieuse, les marées envahissent ou désertent le port. Elles remplissent le lit de la rivière qui arrive de la forêt toute proche. C'est là, entre l'océan et les bois, qu'est né le narrateur de ce récit. La maturité venue, il revisite les lieux de son enfance - les maisons familiales, l'église, les grèves, la forêt - et se souvient. Autour des grands-parents, essentiels dans son initiation légendaire et bretonne, tout un monde se met à vivre, les voisins, les gens du village, Marie-Chann, la mangeuse de grives, l'étrange Élisabeth, Annonciat dont le corps a été emporté par la mer un soir d'hiver. La guerre n'est pas loin. C'est l'époque du général de Gaulle et de Georges Pompidou. C'est aussi le temps des premiers pas de l'homme sur la lune. Une Bretagne immémoriale et perdue ressurgit soudain, avec ses légendes, ses rites, les fastes de ses pardons, la beauté singulière du christianisme celtique. Entre l'église et le port où roulent les marées venues des abîmes de la ville d'Ys, le narrateur a grandi et c'est là que son imaginaire s'est forgé. Dans la veine ...
Au fond de la rade de Brest, au bout d'un monde inconnu et peuplé de légendes, saint Guénolé fonde l'abbaye de Landévennec. Très jeune, la voie de Dieu lui apparaît comme celle à suivre, lorsqu'il permet à sa soeur bien-aimée de recouvrir la vue. Budoc l'Austère, son maître, lui inculque les enseignements divins. Habité par cette voix, il suit son propre chemin et fonde son monastère. C'est sur les rives de l'Aulne que Guénolé construit son abbaye. Entouré de fidèles, il parvient à créer un lieu sacré dont l'aura n'a de cesse de s'étendre. Dans une Bretagne encore bercée par les croyances profanes et les enchantements, Guénolé diffuse le message biblique. Combattre Dahut et effacer Ys, la cité maudite, la fleur de perdition de l'Armorique, convaincre le peuple de s'en remettre à la voie divine, enseigner l'humilité et la justice, sont autant de missions qui jalonnent l'existence pieuse de ce grand saint breton.
Un jeune homme arrive à Paris en septembre 1972. Il veut rencontrer Montherlant à qui il consacre un mémoire. Il vient de Bretagne où il a vécu jusque-là. La rencontre n'aura jamais lieu. Une arrière-saison s'ouvre, de rêveries et d'errances. Très vite, le jeune homme délaisse ses travaux universitaires, prend ses habitudes au Bar d'Orgueil en plein cœur de Paris, près des Halles qui viennent de disparaître. Il écoute, observe, arpente pendant des heures une ville dont le visage change. Aux séminaires de la Sorbonne, il préfère la compagnie des clients du bar, dominé par la figure de sa patronne, Djila, et des pleureuses du parvis de l'église Saint-Eustache dressée au bord d'une fosse que l'on creuse, les marches sur les quais, les explorations des passages des bouquinistes. Son oncle, ermite collectionneur et bibliophile, dont le passé trouble est semé d'énigmes, veut lui transmettre ses propres passions. Un autre homme le fascine également, qui vient lire dans le café à la lumière d'un candélabre. Marc Verney découvre Paris dans le sillage et l'attirance de ces êtres mystérieux. C'est un rêveur dépourvu de toute ambition qui dérive loin des...
"Ce volume s'adresse à tout public s'intéressant à la question du deuil. Il rassemble des contributions portant sur des écritures littéraires de genres différents, et s'appuie sur des recherches sociologiques, anthropologiques, psychiatriques et philosophiques portant sur le deuil. La littérature approche, dans son essence, le lieu même de la perte. Elle répond à des interrogations universelles: quelles sont les manifestations physiques ou psychiques qu'engendre l'absence de l'autre? Le deuil porte-t-il avec lui le ressassement, le déni, le refoulement, la volonté d'oublier, ou encore la fusion avec le disparu? Quel sens la mort de l'autre peut-elle prendre ? S'inscrit-elle dans l'ordre des choses? Sous quelle forme l'acceptation, voire la sublimation de la mort s'expriment-elles ? Les expressions littéraires du deuil dans différentes traditions culturelles sont interprétées tant dans le roman, les récits autobiographiques, le théâtre que dans la poésie. Les contributions abordent les modalités de représentation et de symbolisation qui se font jour dans l'écriture."--P. [4] of cover.
Février 2015
Au quinzième siècle, un homme projette de traverser l'Océan et, sur l'autre continent, de remonter la Rivière-Dieu jusqu'aux sources du monde. Les trois précédentes expéditions qu'il a organisées ont échoué. Le gouvernement du Roi lui adjoint un second, Mendoza, qui le surveillera. Un navire sombre au moment du départ, d'autres vaisseaux disparaîtront et beaucoup d'hommes aussi, avant que l'Explorateur arrive de l'autre côté de l'Océan et remonte le cours du fleuve. Il mourra de découvrir ce qu'il y a à l'origine de la Rivière-Dieu, et l'espion Mendoza, devenu sa mémoire, défendra en vain ses découvertes devant le tribunal du retour. Tout sera effacé, jusqu'au souvenir de la quête insensée de l'Explorateur, dont le nom même devra disparaître. Roman lyrique, halluciné, La rumeur du soleil se lit aussi comme un chant intense au cosmos, à l'océan, au soleil et à la sensualité.
La 4ème de couv. indique : "À l'heure où se former est un enjeu d'adaptation, voire de survie professionnelle, s'appuyer sur les récentes découvertes de la science du cerveau donne l'opportunité d'innover pour renforcer la performance et le confort du formateur et de l'apprenant. À l'aide de nombreuses références théoriques solides, cet ouvrage propose de montrer de façon concrète comment les neurosciences éclairent la pédagogie à l'ère digitale et permettent de développer une formation professionnelle plus motivante et plus personnalisée. Chaque thème est structuré en trois items : le décryptage du fonctionnement du cerveau, l'impact sur la façon d'apprendre ou de former, l'apport du digital et la façon dont il renforce les concepts abordés. Destiné aux professionnels de la formation, cet ouvrage : permet de comprendre la façon dont le cerveau humain apprend ; donne des repères pour initier une pédagogie adaptée tenant compte d'une meilleure connaissance de l'écologie de notre cerveau ; met en avant des idées et propositions pratiques pour nous aider à repenser l'apprentissage en le rendant plus agile et adapté à nos modes de fonctionnement...
Éditorial : Michel Crépu, Savoir voir venir L’effet miroir des années trente : Philippe Le Guillou, La comparaison impossible Jacques Drillon, Hélas Gilles Kepel, 2019 au regard de 1919 : stratégies pour l’après-guerre Gwenaëlle Aubry, Ultrasons Entretien : Renaud Pasquier - Alexandre Postel, «Écrire comme on fume un cigare...» La littérature aujourd’hui : Marie Nimier, Willy Boris Bergmann, Toute la terre dansera Francesco Rapazzini, Une perruque avec des boucles noires - Sabine Cyril Roger-Lacan, Une image. Aldo Moro – via Caetani, 9 mai 1978 Michel Jullien, Ceux des cendres Isabelle Mayault, Un soir en ville dans une ville du Nord La forme et le fond : Marc Porée, Avoir trente ans dans les années trente : W. H. Auden et Louis MacNeice Christophe Langlois, Les dons simples de Tagore Eryck de Rubercy, La mémoire du bombardement de la cathédrale de Reims. Sur La cathédrale incendiée, de Thomas W. Gaehtgens Christian Chevandier, Camus et la Libération : se taire sur ce que l’on a vécu Notes de lecture : Gabrielle Lécrivain, Michéa Jacobi, Jouir. Vingt-six vies consacrées à cet art (Éd. de la Bibliothèque) Gaëlle Flament, Clémentine Beauvais,...
Au début du vingt et unième siècle, afin de calmer le Tiers monde qui les menace, Russes et Américains s'entendent pour installer sur le trône de Saint Pierre Léopold Hédor Dagotta, primat du Zaïre. Le premier pape noir de la Chrétienté prend le nom d'un lointain prédécesseur des Catacombes, Miltiade. Dans un monde déchiré par les guerres, où certains cardinaux de pays pauvres veulent créer leur propre Eglise, Miltiade II se voudra, en dépit des attentats, des manipulations politiques et des heurts des deux cultures qu'il revendique, l'artisan d'une foi impossible. Chronique d'un pontificat imaginaire, Le dieu noir veut décrire " la barbarie de demain ".
On ne sait rien, ou presque, des douze premières années de la vie du Christ, de ses jeux, de ses peurs, de son univers familial, de sa formation. Or voici que par la grâce d'indiscrétions familières ou de la restitution de maints épisodes sacrés, nous entrons dans ce secret de l'origine du monde, dans la révélation de la scène primordiale et fondatrice. De Nazareth à Jérusalem, de la Visitation des Mages à la confrontation avec les docteurs du Temple, de l'atelier de Joseph aux citadelles des Esséniens, l'Enfant-Dieu grandit en découvrant, à la faveur d'un jeu inexorable de questions, le mystère de sa destinée, sa différence, sa vocation de faiseur de miracles et de fils placé sous le sceau d'une double paternité. Récit d'apprentissage sacré, Evangile apocryphe imaginaire coordonnant secrètement tous les autres, conte de Noël et de l'Epiphanie, bréviaire poétique ou antiphonaire inédit, le livre est cette fiction dans laquelle l'esprit, se mettant en scène sous les espèces du Fils de l'Homme enfant, se concentre sur lui-même, revenant sur ses brisées pour tenter d'en arrêter le chiffre et de se ressouvenir de ce qui, du Verbe et de la Création, du ...
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