
Se rencontrer "en personne" est une expérience le plus souvent inquiétante. Quand le sujet de cette éprouvante confrontation avec son double devient ainsi sujet d'une hallucination de soi-même, c'est évidemment sous une forme positive : l'autoscopie. Il existe pourtant une forme négative de l'hallucination: celle de l'imperception de Soi au miroir. Paul Sollier a cru pouvoir isoler une autre forme, l'autoscopie interne lors des états hypno-hystériques, soit la possibilité d'une représentation des organes internes.
À la fin du xixe siècle, face à la faillite de l’asile où l’on retient, plus qu’on soigne, les « aliénés » dans des établissements surpeuplés, des psychiatres réfléchissent à une solution alternative. Pourquoi ne pas faire sortir de ces hôpitaux les « incurables tranquilles » en les installant, contre rétribution, dans des familles, à la campagne ? Le conseil général de la Seine décide, en 1891, de tenter l’expérience. Un an plus tard, la petite ville de Dun-sur-Auron, dans le Cher, est choisie pour accueillir, « à titre d’essai », la première « colonie familiale pour aliénés » en France. L’essai est si concluant que le nombre de familles prêtes à héberger des patients augmente de façon exponentielle. En 1913, la colonie de Dun compte plus de 1 000 malades mentaux pour environ 4 000 habitants. Appelé aujourd’hui « Accueil familial thérapeutique », ce mode de soins existe toujours à Dun, même si les patients y sont moins nombreux qu’autrefois. En s’appuyant sur les archives hospitalières et sur des témoignages de patients, de familles d’accueil, de villageois, Juliette Rigondet raconte l’histoire de ce lieu à part...
L'ouvrage de Marie, paru en 1928, reflétait l'indécision des neuropsychiatres français vis-à-vis du freudisme. L'opinion de Marie sur la psychanalyse oscille entre le vrai et le chimérique, entre le désir d'en faire une science exacte et le rejet de ses dogmes intangibles, dilemme que personne ne résoudra jamais.
Comment devient-on Marcel Proust ? De sa plus tendre enfance jusqu’au seuil de la mort, l’auteur d’À la recherche du temps perdu l’a écrit dans des milliers de lettres, qui sont autant d’autoportraits où l’homme, jour après jour, reconstruit l’histoire de ses origines, de sa jeunesse exposée dans les salons, de son âge mûr nimbé de mystères, et qui composent un personnage multiple, à la fois héros et chroniqueur de sa propre vie. Tel est le pari audacieux de cette biographie : derrière la multitude des masques, capturer un Proust qui ne dissimule plus son identité troublée, son corps torturé, usé, et néanmoins intact, son homosexualité radicale ou palliative, ses fidélités opportunes – humaines et religieuses –, ses repères sociaux crispés et sa vision du moderne, ses amours éperdues et calculées, ses finances florissantes et catastrophiques, son apathie et ses ambitions artistiques immenses. Car la voix qui s’exprime dans ces lettres raconte un quotidien de travail et de dîners mondains, de souffrances et de projets, d’idées, d’images et de croisements d’images, comme l’indispensable nourriture du manuscrit où grandit le...
« Il faut voir et non inventer », telle fut la règle de Colette journaliste. Qu’elle raconte le procès d’un tueur en série, la traversée inaugurale du paquebot Normandie, l’humble vie des femmes, à l’arrière, pendant les deux guerres mondiales, ou celle des bêtes ou des enfants, c’est le même regard que Colette porte sur les êtres : libre, curieux, aigu, direct. Une façon de percevoir le monde à travers les sens qui n’appartient qu’à elle.Grande ouvrière des lettres, Colette fut aussi pendant un demi siècle une infatigable journaliste et sans doute l’écrivain du XXe siècle qui aura consacré le plus de temps à la presse : Le Matin, Le Figaro, Le Journal, Paris Soir, Marie-Claire... Elle a collaboré à des dizaines de journaux, rédigé chroniques et reportages, toute sa vie, avec la régularité et la rigueur d’une grande professionnelle. Et le talent d’un immense écrivain.Cent trente articles resurgissent aujourd’hui des archives de la presse française. Un pan entier de l’œuvre et le plus grand ensemble d’inédits publiés depuis la mort de l’écrivain.Texte établi, présenté et annoté par Gérard Bonal et Frédéric...
Coulée au milieu de la rade de Villefranche-sur-Mer, l’épave d’un navire de la Renaissance fait l’objet de campagne de fouilles depuis 1982. Plusieurs manuscrits retrouvés récemment dans les archives donnent à penser qu’il pourrait s’agir de la « nave Lomellina », qui sombra au cours d’un ouragan mémorable le 15 septembre 1516. Mais qu’il s’agisse de la Lomellina ou d’une autre nave, l’origine génoise est assurée. Dès lors, la masse des informations recueillies nous permet d’apporter une contribution importante à la connaissance d’un type de bâtiment qui constitua l’épine dorsale de la flotte de la république de Gênes, dont il assurait les transports de pondéreux au long cours et sans rupture de charge. L’état de conservation des charpentes, l’analyse des structures et des caractéristiques générales du navire, ont permis de mettre en évidence un type de construction qui semble typique de la Méditerranée et diffère, à bien des égards, des navires contemporains construits selon les traditions atlantiques. Outre de nombreuses pièces de gréement et d’équipement (gouvernail, cabestan, sep de drisse), l’artillerie constitue ...
Les historiens de la Révolution française ont travaillé de longue date sur le refus qui s'est exprimé à travers la guerre de Vendée et la chouannerie. La contre-révolution y est indissolublement politique et religieuse et elle a marqué les mémoires jusqu'à nos jours, comme Jean-Clément Martin l'a montré. Mais il y a un autre modèle, à l'autre bout de la France, de refus de la Révolution : un refus strictement et doublement religieux. C'est là la grande originalité, et l'objet de ce livre. Sur la bordure sud-orientale du Massif Central, en Ardèche, Lozère, Gard, Hérault, Tarn, les paysanneries catholiques ont massivement rejeté la constitution civile du clergé et protégé leurs prêtres, au prix de la dissidence ou de la rébellion ouverte. Elles ont également réagi à ce qu'elles percevaient comme le retour du péril protestant, les Cévennes huguenotes étant situées à leurs portes. La mémoire, ici, est celle que les hommes de 1795 gardaient des guerres de religion et de Rohan (1620) ou de la révolte des Camisards en 1702 : guerre civile, guerre de mémoires sur une frontière religieuse chauffée à blanc depuis des siècles. Les querelles politiques ...
La «Correspondance» de Proust révèle l'influence des dérèglements de son sommeil sur son existence quotidienne. L'auteur de cet essai, professeur de neurologie, retrace ce parcours insomniaque en fonction de nos connaissances actuelles sur le sommeil et
Ce livre capital apporte l'image, sortant de la plus fidèle des mémoires, d'un Proust unique de vérité. Céleste Albaret fut la gouvernante et la seule confidente de Marcel Proust pendant les huit dernières années de son existence, durant lesquelles il acheva l'écriture de son chef-d'oeuvre - elle est d'ailleurs une des clefs du personnage de Françoise dans La Recherche. Jour après jour elle assista dans sa vie, son travail et son long martyre, ce grand malade génial qui se tua volontairement à la tâche. Après la mort de Proust en 1922, elle a longtemps refusé de livrer ses souvenirs. Puis, à quatre-vingt deux ans, elle a décidé de rendre ce dernier devoir à celui qui lui disait : " Ce sont vos belles petites mains qui me fermeront les yeux. "
François Villon naquit à Paris en 1431. Sur la foi d'une pièce que Fauchet, dans son traité de l'Origine des chevaliers, imprimé en 1599, dit avoir trouvée dans un manuscrit de sa bibliothèque, on a mis en doute le lieu de la naissance et jusqu'au nom du poète. On s'est livré à des conjectures ingénieuses pour concilier les renseignements fournis par lui-même avec les indications de Fauchet, pour expliquer comment il pouvait s'appeler à la fois Corbueil et Villon, être à la fois natif d'Auvers et de Paris. Pour moi, je crois, avec le P. Du Cerceau, Daunou et beaucoup d'autres, qu'on ne doit tenir aucun compte de ce huitain, amplification maladroite de l'épitaphe en quatre vers. Ce n'est pas sur une pareille autorité qu'on peut substituer le nom de Corbueil à celui de Villon, que notre poète se donne lui-même en vingt endroits de ses oeuvres .
Cet ouvrage est une réédition numérique d’un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d’origine.
23 juillet 1945 : inculpé de crime de haute trahison pour avoir collaboré avec lAllemagne de 1940 à 1945, le maréchal Philippe Pétain comparaît devant la Haute Cour de justice de Paris. Se contentant de donner lecture dune déclaration liminaire, il refusa de prendre la parole durant toute la durée de son procès. La confusion des débats ne permit pas de lever le voile sur les vraies responsabilités du maréchal et des institutions de la IIIe République pendant la collaboration. Condamné à mort le 15 août 1945, sa peine fut commuée en détention à perpétuité par le général de Gaulle. Incarcéré sur l'île d'Yeu, il y mourut six ans plus tard.Ce compte-rendu sténographique minutieux et exhaustif reprend mot pour mot le contenu des vingt auditions houleuses et dune densité dramatique que vécurent lassistance, la cour et bien sûr le maréchal Pétain durant ces trois semaines de procès.
Inventeur du terme de "psychonévrose" et spécialiste des répercussions organiques des troubles psychiques, Paul Dubois peut être considéré comme un précurseur des " thérapies cognitivo-émotionnelles". Plutôt que de se concentrer sur les symptômes, il s'agit - après avoir créé un lien puissant de sympathie et de confiance - d'attirer l'attention raisonnée du patient. Voici les multiples variantes de sa méthode pour rester au plus près du cas.