
Né sous François II, Maximilien de Béthune, devenu duc de Sully en 1606, est mort à la fin du règne de Louis XIII. Mais, sur ses quatre-vingt-deux années de vie, il n'en a passé qu'une douzaine au pouvoir auprès d'Henri IV, et il n'a été tout-puissant que pendant cinq ans, de 1605 à 1610. Cette courte période lui a suffi pour donner une vigoureuse impulsion à la reconstruction économique, financière et matérielle du royaume après quarante ans de guerres civiles. On lui doit notamment la place Royale (place des Vosges) et la place Dauphine à Paris, la remise en état des voies de communication, la construction de ponts et de canaux, la rénovation du réseau des fortifications dans les provinces frontières, le développement de la cartographie militaire, de l'industrie d'armement et de la marine en Méditerranée, et un budget en excédent. Surtout, il a instauré un nouveau style de gouvernement, autoritaire et centralisateur: soixante ans avant Colbert, il a établi une première forme de " monarchie administrative ". Il est le père de l'" Etat de finance ". Très présente dans la mémoire collective, l'image de Sully est en grande partie mythique et ne...
La fortune des hommes politiques a toujours intrigué les Français même si leur état d’esprit, dans ce domaine, a évolué au cours des siècles. Au XVIIe siècle, il paraissait normal, et presque nécessaire, qu’un ministre fût riche, car cette richesse était le signe qu’il avait la confiance du roi. Dans cet ouvrage, Isabelle Aristide donne pour la première fois une analyse complète, claire et ordonnée de la fortune de Sully.
Deux siècles avant les événements de 1789, la Ligue constitue le phénomène révolutionnaire le plus radical et le plus ample qu'ait connu la France d'Ancien Régime: son programme ne prévoyait-il pas l'élection du roi, le choix des ministres et le vote des impôts par les états généraux, émanation de la nation? Vaille que vaille contenue jusqu'à l'assassinat de son principal chef, le duc de Guise, en décembre 1588, la colère de ceux qui refusaient de voir un jour un roi protestant sur le trône (le futur Henri IV) prit ensuite des proportions considérables. A la guerre civile vint s'ajouter l'éclatement politique: en maintes régions, on vit surgir de véritables villes libres (Marseille, Lyon, Amiens, Morlaix, Saint-Malo et bien d'autres) pendant que Paris _ la " Jérusalem céleste " _, vivant dans l'attente messianique du royaume de Dieu, rejetait violemment l'autorité royale. Cette révolution eut ses factions, ses " journées ", son Thermidor. Il fallut tout le sens politique et l'énergie d'Henri IV pour en venir progressivement à bout et rétablir une vraie paix grâce à l'édit de Nantes en 1598. Jean-Marie Constant, professeur d'histoire moderne et...
Le traité de Versailles (1783), préparé par Vergennes, constitue la plus belle réussite politique de l’Ancien Régime à son couchant. Non contente d’affaiblir l’Angleterre, la France porte un coup d’arrêt à la domination de la Royal Navy sur les mers et impose en Europe un équilibre des forces qui lui est très favorable. Le royaume est à son apogée et jouit alors d’un grand moment de prestige. Cette gloire, c’est à Vergennes que le roi Louis XVI et le royaume la doivent. Avec ses origines provinciales, son atavisme protestant, sa formation de juriste, son train de vie modeste, sa force de travail et son insensibilité aux modes, Vergennes est un non-conformiste. Peu soucieux de « faire sa Cour » à Versailles, il est d’abord un diplomate de terrain et occupe plusieurs grands postes. Dévoué seulement aux institutions de la monarchie, il prend des positions courageuses et sert sans états d’âme en ne répugnant pas aux basses oeuvres (ambassadeur à Stockholm, il prête la main à un coup d’État pro-français). C’est un grand novateur. À l’hégémonie, il préfère le concept d’« équilibre des forces », s’appuie sur le « droit public...
La décennie ligueuse (1589-1598) marque profondément l’histoire et la mémoire bretonne, à travers des figures hautes en couleur comme le gentilhomme brigand La Fontenelle ou des évènements phares comme l’édit de Nantes. Or l’étude de cette période a été délaissée par la recherche historique. Depuis un siècle, elle était largement abandonnée aux mythes et aux préjugés. La Bretagne n’avait pas encore bénéficié de l’intérêt porté depuis une trentaine d’années par les historiens aux guerres de Religion qui ont divisé et meurtri la France, et plus particulièrement aux soulèvements des ligues nobiliaires et urbaines qui en constituent la phase ultime. Pourtant sur ce plan la spécificité bretonne est forte car les guerres y ont commencé, mais aussi y ont duré plus tard que partout ailleurs en France. Le personnage de Mercœur, chef de la Ligue en Bretagne a longtemps excessivement focalisé l’attention : l’ouvrage d’Hervé Le Goff montre que la crise ligueuse y fait intervenir des acteurs très divers. Il fournit une analyse novatrice de la genèse nécessairement complexe de cette guerre civile, et de ses motivations politiques,...
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Prenez les incendies successifs du greffe de la chambre des comptes en 1737 puis de la cour des aides de Paris en 1776. Ajoutez-y l’envoi au pilon des comptes de la monarchie en 1797, la destruction des papiers de la ferme générale en 1811 et l’incendie, pendant la Commune, des archives du contrôle général des finances alors déposées aux Tuileries. Saupoudrez le tout avec la mauvaise réputation d’une discipline jugée difficile, austère, sinon rebutante : l’histoire économique et financière vous paraîtra alors bien peu fréquentable. Contre les outrages du temps et les préjugés tenaces, ce guide dresse enfin l’état des sources manuscrites et imprimées conservées, à Paris et en province, dans les dépôts d’archives et les bibliothèques publiques. Le lecteur y trouvera, entre autres, une exposition claire de l’organisation de ces services et de leurs instruments de références, une présentation de leurs fonds respectifs, séries et collections de documents, ainsi qu’un aperçu historique des institutions économiques et financières (contrôle général des finances, bureaux des finances, élections, juridictions consulaires, etc.) avec le...
Après trente-trois années d'enseignement à l'université d'Angers, Jacques Maillard ayant souhaité prendre sa retraite, ses collègues et ses amis ont voulu, en témoignage de remerciement pour son activité, lui offrir ce volume de mélanges. Les vingt-six contributions de celui-ci donnent un aperçu des orientations actuelles de l'histoire urbaine de l'Antiquité à nos jours, autour de cinq thèmes : évolution des institutions municipales, relations entre pouvoir central et autorités locales, formes du contrôle de la ville sur le « plat-pays », richesse de la culture des élites, ferveur des pratiques religieuses. Sur chacun de ces thèmes l'ouvrage établit une comparaison entre l'histoire d'Angers, objet privilégié des recherches du professeur Maillard, et celle d'autres villes, tant en France qu'en Europe et sur d'autres continents, ainsi au Canada et en Égypte. Le résultat est un tableau à la fois riche et nuancé des recherches contemporaines sur l'histoire des villes, qui renouvelle magistralement nos connaissances et ouvre la voie à de nouvelles perspectives comparatives. Jacques Maillard, agrégé d'histoire, docteur d'État, est professeur émérite à...
Depuis les travaux qui ont renouvelé les perspectives en histoire diplomatique, de nombreux chercheurs se sont intéressés à la culture de la paix, notamment à travers ses rituels. Des historiens se sont penchés sur les modes et les techniques de négociation, ainsi que sur les pratiques de conciliation ou l’idéal de réconciliation, voire de fraternité universelle. Plus récemment le domaine de l’histoire religieuse s’est ouvert à ces problématiques. Sous l’impulsion des recherches menées sur la justice, l’arbitrage et la pacification des conflits d’ordre privé sont entrés dans les champs de la recherche historique. Après s’être interrogés sur les guerres et les affrontements de religion, sur les difficultés de la tolérance, sur les manifestations de violence et d’inimitié, de nombreux chercheurs mettent désormais en avant la notion de coexistence et étudient le rôle des clercs dans différentes instances de conciliation en s’intéressant aux procédures de pacification. Le présent volume se propose de tester la pertinence de ce thème de la (ré)concilation dans le monde médiéval et moderne en faisant porter le questionnement sur...
Folklore et Révolution nationale entretiennent un rapport étroit pendant le gouvernement de Vichy. Le folklore touche l'instruction, la jeunesse, l'agriculture, l'équipement, la propagande..., légitimé en cela par la science ethnologique. Son concept, étroitement imbriqué à celui du régionalisme, en appelle au système de représentation de tout un peuple et incite la société à rechercher son identité culturelle dans un espace clos où langues, savoir-faire, habitats, fêtes, arts populaires... en deviennent les signes majeurs. La communauté ethnique reconnue ici est le paysan et son corollaire l'artisan. L'affirmation d'une appartenance s'accompagne d'un programme de retour aux traditions, aux ancêtres, à la communauté, à travers la pureté de la race, et fait du folklore, par glissements successifs du jeu à la science, de la science à la reconstruction du visage de la France un modèle normatif, partie intégrante de l'idéologie vichyssoise. Le folklore comme forme et sens de la Révolution nationale livre, à travers ses apologies renouvelées du terroir, le racisme de l'ordre nouveau et la paix sociale, fondements de sa durée.
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