
La dictature de l'urgence
Auteure: Gilles Finchelstein ,
Chacun le sent confusément : nous vivons dans l’urgence – dans le culte de la vitesse et de l’instant. Toutes les facettes de nos vies personnelles – transports, loisirs, santé... – et professionnelles – pression accrue, exigences de rentabilité croissantes... – sont concernées, mais aussi – et c’est plus grave – la vie publique : les faits divers se traduisent immédiatement en lois, lesquelles sont de plus en plus souvent votées selon une procédure... d’urgence ! Cette dictature de l’urgence a des conséquences terribles : elle place nos sociétés sous tension, délégitime le politique et, surtout, risque de se traduire par le sacrifice des générations futures – que ce soit sur les questions de la dette, du réchauffement climatique ou sur bien d’autres sujets encore. Alors, que faire ? Répondre à la vitesse par la vitesse ? Tel est le choix de Nicolas Sarkozy, qui cherche à saturer l’espace et à compresser le temps – un choix dramatiquement inefficace. Tenter de freiner, comme le préconisent le « mouvement de la lenteur » ou les partisans de la décroissance ? C’est un choix individuel possible, mais un choix collectif...