La foule criminelle
Auteure: Olivier Bosc
Nombre de pages: 502Foule criminelle... L’image comme les mots frappent l’esprit. Une puissance d’évocation à la mesure des angoisses suscitées au XIXe siècle par l’émeute populaire, la manifestation, la grève générale. En France, cette image prend corps et sens grâce au livre d’un jeune criminaliste italien, Scipio Sighele (1868-1913) : La Foule criminelle. Jusqu’ici fiction d’écrivain (Goncourt, Maupassant) ou fantasme d’historien (Taine, Michelet), la foule devient simultanément objet sociologique et acteur politique. Dans la lignée des travaux de son maître Lombroso, Sighele illustre le caractère violent, barbare et atavique de la foule. La littérature de Zola, la pédagogie de Durkheim ou d’Alain et jusqu’au mouvement des intellectuels s’inspirent de cette découverte. Il faut civiliser la foule, devenir sa force guide au nom du Progrès. À l’opposé de celle du réactionnaire Gustave Le Bon, une psychologie des foules de gauche – restée jusqu’ici méconnue – émerge ainsi au tournant du XIXe siècle. Cependant, la crise de la fin de siècle et ses corollaires – banqueroute de la science, spectre de la dégénérescence – renversent l’image...