"Kafka. poète de la honte est l'occasion pour Saul Friedländer de se pencher sur la vie du célèbre écrivain qui, comme lui, a grandi à Prague. L'historien fait de Kafka le poète de ses égarements, luttant toute sa vie contre le poids de la honte et de la culpabilité - une lutte dont les traces sont bien visibles dans ses lettres et son journal comme dans ses oeuvres de fiction. "Très tôt, écrit Saul Friedländer, Kafka dut saisir à quel point il était différent d'une grande partie de son entourage, qu'il s'agisse de sa libido ou de sa puissance d'imagination et de création. En apparence, il s'adaptait : à un entourage familial qu'il ne quittera pour de bon qu'un an avant sa mort; aux codes réglementant ses liaisons avec les femmes et ses prétendus projets de mariage; à sa carrière d'employé modèle dans une compagnie d'assurance. Autant d'arrangements à multiples facettes qui, à divers degrés, lui faisaient horreur. Et tandis qu'il jouait pleinement son rôle dans le monde, il cherchait à s'en protéger en le sabotant avec acharnement dans ses textes." Prenant délibérément à contre-pied la biographie-hagiographie de Max Brod, l'ami et exécuteur...
Freud avait d'abord conçu la cure psychanalytique comme une entreprise de remémoration et de redécouverte : comme l'archéologue, le psychanalyste accéderait à une vérité historique, dont il exhumerait les traces enfouies pour restituer le passé. Mais quel passé ? Un long cheminement avait conduit Freud à admettre que, par le jeu du fantasme et de l'après-coup, la mémoire crée ses objets autant qu'elle les recrée. Le psychanalyste a perdu aujourd'hui l'illusion d'une restitution du passé ad integrum ; il s'agit d'une reconstruction, et peut-être de la construction, d'un passé personnel où le sujet puisse se reconnaître pleinement. Si toute l'histoire est construite, l'analogie s'impose avec ce qui guide la réflexion et le travail de l'historien moderne. L'écart entre les deux disciplines n'est pas moins évident quant à l'objet et quant aux méthodes. Si l'histoire est le produit de l'homme, l'homme est, dans son histoire personnelle, le produit de l'histoire. Comment s'articulent l'histoire collective et les histoires individuelles ? Le présent volume invite à un renouvellement de la réflexion sur ces thèmes fondamentaux.
Les Juifs et le XXe siècle : autrement dit l'histoire de l'imbrication des Juifs et du siècle, de leurs points de contact, l'analyse de tout ce qui, sans eux, aurait eu un autre visage ou, tout simplement, n'aurait pas eu lieu. Ce siècle de fer, que l'on fait ici commencer aux grands pogroms russes de 1881 et finir sous les décombres du Mur de Berlin, aura connu, pêle-mêle, la révolution bolchevique, le nazisme, la création de l'Etat d'Israël, la psychanalyse, la musique dodécaphonique, Hollywood, Einstein, Proust, Kafka, tous phénomènes et personnages qui ne se réduisent pas au judaïsme mais qui seraient impensables sans lui. Que doivent-ils au siècle qui les voit naître ? Que doivent-ils à un judaïsme infiniment divers, éclaté entre des " nations " que tout différencie, souvent très fortement assimilé ? Les noces du XXe siècle et du judaïsme auront été aussi fécondes que sanglantes. On aurait tort de réduire l'histoire de ce couple à l'un ou l'autre de ces aspects, d'ailleurs parfois complémentaires : sans les pogroms de 1881, pas de projet d'un " foyer juif " ; sans le nazisme, pas d'Israël. Pour la première fois, quarante-neuf spécialistes...
Elie Barnavi, qui vient d'être révoqué par le gouvernement d'Ariel Sharon de ses fonctions d'ambassadeur d'Israël en France, connaît bien la communauté juive de France et en dresse ici un portrait sans concessions ni faux-semblants. Il aborde de manière directe et virulente les principaux thèmes qui la concernent: son attitude parfois contestable face au problème arabe, ses complexes relations avec la France et Israël, sa situation en France aujourd'hui, notamment sa progressive ghettoïsation et son avenir probable, les courants qui la traversent actuellement (le dangereux retour à l'orthodoxie et le combat contre le judaïsme libéral), la faiblesse de ses instances dirigeantes et en particulier du grand rabbinat. Un tableau inattendu et provocateur qui vient bousculer les idées reçues au sujet de la communauté juive de France.
La double vie improbable d'un acteur impliqué dans le système nazi qu'il dénonce parallèlement par tous les moyens Depuis l'année 1933, Kurt Gerstein assiste avec effroi à la prise du pouvoir par Hitler en Allemagne. Ses valeurs morales et ses convictions chrétiennes l'amènent à condamner le régime brutal qui s'impose par le mensonge, la propagande raciste et la violence. En février 1941, un membre de sa famille meurt subitement dans l'hôpital psychiatrique où il est interné, victime de la sinistre " Aktion T4 " organisée par la chancellerie du Führer. Comprenant qu'il s'agit d'un crime d'Etat, annonciateur de beaucoup d'autres, Kurt Gerstein s'engage dans la SS pour enquêter de l'intérieur sur ce qui s'accomplit en secret dans la milice noire d'Hitler. Ce qu'il découvrira dépasse de loin ce qu'il imaginait... Acteur directement impliqué dans un système qu'il dénonce parallèlement, mais sans succès, Kurt Gerstein mènera une double vie jusqu'à la fin de la guerre.
Fondé sur de nombreuses archives inédites, nourri de voix innombrables (journaux intimes, lettres, mémoires), ce second volume de L'Allemagne nazie et les Juifs déroule l'effroyable scénario qui mène à la "solution finale" et à sa mise en œuvre dans l'Europe occupée. Complicité des autorités locales, soutien actif des forces de police, passivité des populations et notamment des élites, mais aussi promptitude des victimes à se soumettre aux ordres dans l'espoir d'améliorer leur sort ou, à terme, d'échapper à l'étau nazi : c'est cette histoire d'une extrême complexité, au comble de l'horreur, qui est ici relatée avec une maîtrise rare. Saul Friedländer est professeur d'histoire à l'université de Californie (UCLA). Il est l'un des plus grands spécialistes du nazisme et du génocide des Juifs, sujets auxquels il a consacré de nombreux livres. Il a obtenu le Prix des libraires allemands 2007. À cette occasion, le jury a souligné que Saul Friedlânder "a permis aux hommes et aux femmes réduits en cendres de faire entendre une plainte, un cri. Il leur a offert une mémoire et leurs noms." Prix Pulitzer 2008 de la catégorie Documents.
Né à Lyon, le 10 novembre 1908, Louis Terrenoire consacre sa jeunesse à l’action sociale et syndicale, avant de devenir journaliste, à Lyon d’abord, puis à Paris, où il participe à la fondation du quotidien « l’aube », en 1932, et à ses campagnes contre la montée des périls fascistes. Mobilisé en 1939, démobilisé en 1940, il entre dans la Résistance. Deux fois arrêté par la Gestapo, il est déporté à Dachau. Entré en politique à son retour, il appartient au gouvernement de Michel Debré, successivement comme ministre de l’Information et ministre délégué, chargé des Relations avec le Parlement. Jusqu’aux accords d’Évian, il ne cesse d’être le porte-parole du gouvernement et du Général de Gaulle, en particulier pour les affaires algériennes. Député au Parlement européen, dont il est l’un des vice-présidents, il préside — pendant onze ans — l’Association de solidarité franco-arabe.
Le grand historien du nazisme et de l'extermination des Juifs, prix Pulitzer 2008, livre ses réflexions sur l'histoire et la mémoire du nazisme et sur plus de trente années de débats publics dans une série de conversations passionnantes. Depuis sa rencontre avec l'amiral Dönitz, le successeur désigné de Hitler, au tout début des années 1960, jusqu'à l'écriture de L'Allemagne nazie et les Juifs (achevée en 2008), pour laquelle il invente une nouvelle forme de récit qui donne toute sa place à la parole des victimes, en passant par les grandes controverses des années 1980 avec les historiens allemands, Saul Friedländer n'a cessé de s'interroger sur les moyens de penser le nazisme et le génocide des Juifs et d'écrire une histoire qui soit à la mesure du phénomène. Répondant aux questions du journaliste Stéphane Bou, il évoque aussi bien Hannah Arendt que Raul Hilberg, Fassbinder que Lanzmann, la mémoire juive que les mémoires allemandes de la Shoah. Et n'hésite pas à se dire moraliste. Une parole d'une grande liberté qui n'a rien perdu de son tranchant. Mondialement reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes du nazisme et du génocide des Juifs, Saul ...
1932: Pavel naît à Prague. 1939: Paul arrive à Paris avec ses parents. 1942: Paul-Henri est confié à un pensionnat de Montluçon. 1948: Shaul débarque en Israël. 1977: Saul raconte les seizes premières années de sa vie bouleversée par la guerre, se remémore comment Pavel, juif, tchèque, fils unique chéri de ses parents devient Paul-Henri, catholique, français et orphelin. Cinq prénoms, une seule et même personne.
Provocateur, mais magistral et hors du commun, couronné par plusieurs prix, dont le National Jewish Book Award et le Prix du meilleur livre universitaire sur la religion de l'Association des éditeurs américains, The Jewish Century a été reconnu, dès sa parution aux États-Unis, comme un véritable chef-d'œuvre. " L'Âge moderne est l'Âge des Juifs, et le XXe siècle est le Siècle des Juifs. La modernité signifie que chacun d'entre nous devient humain, mobile, éduqué, professionnellement flexible. [...] En d'autres termes, la modernité, c'est le fait que nous sommes tous devenus juifs. " Avec le XXe siècle, le capitalisme " ouvre les carrières aux talents ", tandis que le nationalisme transforme les peuples en " peuple élu ". Les Juifs deviennent les modernes par excellence. Et, de fait, leurs grandes " Terres promises " au XXe siècle furent bien l'Amérique capitaliste et libérale, et Israël, " le plus excentrique des nationalismes ". Mais on oublie souvent que la Russie soviétique fut le grand réservoir d'utopie et de promotion sociale pour les Juifs. Mobilisant la démographie et la sociologie autant que la littérature, l'auteur montre que les Juifs...
L’ambition de cet ouvrage est de présenter un panorama non exhaustif de la vie intellectuelle française et de ses enjeux idéologiques à travers un certain nombre d’éléments de langage et de noms propres couramment utilisés par les hommes politiques, les journalistes et les citoyens. Il s’agit notamment de démontrer que moult personnalités de renom (écrivains, philosophes, personnages historiques...) auxquels nous faisons spontanément référence, loin d’exprimer ce que l’on veut leur faire dire, témoigneraient plutôt de l’inconsistance de l’idéologie à la fois lénifiante et contraignante du « vivre ensemble » à laquelle on nous exhorte. Au-delà de ce constat comment une société où l’idée de Vérité a disparu du champ philosophique et politique pourrait-elle absolutiser des valeurs, fussent-elles républicaines ? Et comment donner du sens à ce fameux « vivre ensemble » si ces « valeurs » fonctionnent sur un mode qui exclut du champ de la normalité ceux qui n’y adhèrent pas ? Tel est le paradoxe général que fait apparaître ce livre
Ce livre est une réflexion sur la société israélienne et, à travers elle, sur le passé, le présent et l’avenir des juifs. Venu pour observer une expérience, Georges Friedmann s’est trouvé, en Israël, personnellement impliqué par la prise de conscience du judaïsme et les âpres discussions qu’elle y suscite. Sommes-nous réduits au choix entre une conception mystique de la judaïcité et une autre qui voit en elle un accident de l’histoire ? Comment le récent massacre de six millions de juifs a-t-il été possible ? Loin d’assister à sa résurrection, ne discernons-nous pas aujourd’hui la fin du peuple juif, rongé par l’assimilation dans la Diaspora et par l’israélisation sur la Terre des Promesses ?
En 1978, dans Quand vient le souvenir, Saul Friedländer se penchait sur son enfance : l'incompréhensible drame qui fait qu'un petit garçon juif, tchèque, enfant unique chéri de ses parents, devient à dix ans catholique, français et orphelin. Ce livre reprend le récit au moment où le premier s'arrête : en 1948, quand l'auteur âgé de seize ans fugue du lycée Henri-IV où il est pensionnaire pour rejoindre clandestinement le jeune État d'Israël, comme l'ont fait d'autres orphelins de sa génération. Il ne parvient pas à s'y fixer. Très vite s'établit une existence partagée entre trois mondes : l'Europe, les États-Unis et Israël, entre français, anglais et hébreu. À plus de trente ans vient le choix de l'écriture et de l'histoire. Saul Friedländer renoue alors les fils de son passé en se confrontant au nazisme, dont il devient l'un des plus brillants historiens, engagé dans tous les débats de son temps. Voici le récit d'une vie marquée par la Shoah, dans laquelle la recherche n'a jamais été dissociée de l'engagement. D'une écriture pudique et souvent bouleversante, Saul Friedländer raconte comment, à partir de la perte, se construit une vie...
Adolf Eichmann est l’un des dignitaires nazis les plus tristement célèbres. Cette renommée, il la doit en partie à la médiatisation de son procès et au portrait brossé par Hannah Arendt. Incarnation de la « banalité du mal », il organisa, de 1941 à 1945, la déportation de masse et l’extermination des Juifs d’Europe. Méticuleux, assis à son bureau, il fut au cœur du génocide nazi. Méconnu des chasseurs de nazis au sortir de la guerre, il parvint à fuir en Argentine en 1950. Il y mena une vie paisible, jusqu’au mois de mai 1960 lorsqu’il fut enlevé par des agents du Mossad et amené en Israël. Évènement majeur de l’après-guerre, le « procès Eichmann », qui s’ouvrit à Jérusalem le 11 avril 1961, fut retransmis par de nombreuses chaînes de télévision à travers le monde. Eichmann fut pendu le 31 mai 1962. Dans cette biographie magistrale, la première depuis quarante ans, David Cesarani se penche sur la carrière d’Eichmann et s’interroge sur ce qui a pu conduire cet homme ordinaire à devenir un meurtrier de masse. En s’appuyant sur des documents découverts récemment, l’auteur bouscule certaines idées reçues et dépasse le...
Ce premier volume décrit l'arrière-plan de l'extermination des Juifs. Tout en réaffirmant l'obsession de l'"antisémitémisme rédempteur" chez Hitler et l'importance de l'idéologie antisémite des nazis, l'auteur retrace les pressions du Parti, le rôle de la bureaucratie d'Etat, le comportement des élites économiques, intelectuelles et religieuses, les réactions des gouvernements étrangers et l'attitude de la population allemande, laquelle n'était pas nécessairement à l'unisson de la politique officielle. Fondé sur une très riche documentation en partie inédite, cet ouvrage montre que, sous une apparente confusion, la politique nazie envers les Juifs du Reich, puis des autres pays, se radicalisait sans relâche. Et que, sans qu'il y ait de plan ni de but ultime clairs, les années de persécution auguraient déjà du pire, en cas de guerre. Saul Friedländer est professeur d'histoire à l'université de Californie (UCLA). Il est l'un des plus grands spécialistes du nazisme et du génocide des Juifs, sujets auxquels il a consacré de nombreux livres. Il a obtenu le Prix des libraires allemands 2007. À cette occasion, le jury a souligné que Saul Friedlânder "a...
Contends that the answers to questions regarding Nazi antisemitism are to be found in the psychopathology of the persecutors. Refers to research in psychoanalysis by François Bayle, Georges Devereux, Leo Alexander, G.M. Gilbert, and others. Describes the development of modern antisemitism and of German antisemitism, concentrating specifically on Hitler's personality.
Kafka. Poète de la honte est l'occasion pour Saul Friedländer de se pencher sur la vie du célèbre écrivain qui, comme lui, a grandi à Prague. L'historien fait de Kafka le poète de ses égarements, luttant toute sa vie contre le poids de la honte et de la culpabilité – une lutte dont les traces sont bien visibles dans ses lettres et son journal comme dans ses œuvres de fiction. " Très tôt, écrit Saul Friedländer, Kafka dut saisir à quel point il était différent d'une grande partie de son entourage, qu'il s'agisse de sa libido ou de sa puissance d'imagination et de création. En apparence, il s'adaptait : à un entourage familial qu'il ne quittera pour de bon qu'un an avant sa mort ; aux codes réglementant ses liaisons avec les femmes et ses prétendus projets de mariage ; à sa carrière d'employé modèle dans une compagnie d'assurance. Autant d'arrangements à multiples facettes qui, à divers degrés, lui faisaient horreur. Et tandis qu'il jouait pleinement son rôle dans le monde, il cherchait à s'en protéger en le sabotant avec acharnement dans ses textes. " Prenant délibérément à contre-pied la biographie-hagiographie de Max Brod, l'ami et exécuteur...
Apocalypse, parousie, eschatologie, Jugement dernier... Voilà deux millénaires et plus que la fin d'un monde corrompu et l'instauration d'un futur radieux sont pour demain. L'humanité ne se console pas de voir les prédictions systématiquement démenties puisque surgissent à chaque génération de nouveaux prophètes pour exhorter au repentir et à la conversion. Et les avancées scientifiques et le progrès technique de notre temps n'y font rien : l'énergie nucléaire, les désastres écologiques ou climatiques et autres bugs informatiques ont pris le relais des pestes et des famines de jadis. S'il n'est pas exclusivement chrétien - l'Ancien Testament a montré la voie -, le phénomène s'enracine toujours dans une lecture fondamentaliste de la Bible (en particulier de l'Apocalypse de saint Jean). Depuis les disciples de Jésus qui attendirent Son retour imminent jusqu'aux modernes chefs de sectes qui organisent leur propre apocalypse pour hâter la délivrance en passant par les théories ésotériques de Joachim de Flore (XIIe siècle) ou les harangues de certains réformateurs illuminés au XVIe siècle, on retrouve partout les mêmes bouffées irrationnelles, le même...
En 1964, Saul Friedländer livrait au public français le fruit de ses recherches dans les archives du IIIe Reich concernant les relations entre le Vatican et l’Allemagne nationale-socialiste. Complétés de textes issus d’archives américaines et israéliennes, ces documents jetaient un éclairage nouveau sur des sujets brûlants : l’attitude du souverain pontife à l’égard de la question polonaise, de la défaite de la France, de l’attaque allemande contre l’Union soviétique, de l’entrée en guerre des États-Unis ; et face aux crimes nazis, notamment l’extermination des Juifs.À sa parution, Pie XII et le IIIe Reich suscita une avalanche de réactions passionnées et contradictoires, puis il s’imposa comme un livre de référence. Près d’un demi-siècle plus tard, alors que le Vatican a engagé la procédure qui devrait aboutir à la béatification et à la canonisation de Pie XII, Saul Friedländer réinterprète ce matériel ancien à la lumière des données nouvelles.Saul Friedländer est Professeur d’histoire à l’université de Californie (UCLA). Il est l’un des plus grands spécialistes du nazisme et du génocide des Juifs, sujet auquel il a...
Comment naît une idée, même incongrue, même fausse? Pourquoi, au sortir de la guerre, se trouve-t-il un homme pour émettre un doute sur la réalité des chambres à gaz? Et pourquoi est-ce un déporté pour fait de résistance, un responsable fédéral de la S.F.I.O. de tendance pacifiste, député lors de la seconde Constituante? Pourquoi Paul Rassinier (1906-1967)? Comment, pourquoi ce qui n'est au départ qu'un doute se transforme-t-il peu à peu en hypothèse de travail, puis en quasi-certitude? Se peut-il qu'une simple idée, même incongrue, même fausse, puisse bouleverser une vie? Quelle est la part de l'idéologie, de la psychologie, voire de la manipulation dans un tel discours? Est-il digne d'intérêt ou simplement inadmissible? Comment se construit-il? Sur quel malentendu ou quelle malhonnêteté? Quelles sont ses lignes de fracture et ses lignes de fuite? Pourquoi ce discours, à peine émis, trouve-t-il un fort écho? Pourquoi le scandale a-t-il duré? Qu'en reste-t-il? Telles sont les questions que l'étude du révisionnisme _ cette mise en doute radicale de la réalité du génocide juif et de son instrument, les chambres à gaz _ invite à se poser. A toutes ...
La littérature consacrée au génocide des Juifs dans l'Allemagne nazie est abondante. Pourtant aucun historien ne s'était jusqu'alors attelé à une analyse de cette ampleur mêlant le point de vue des bourreaux et celui des victimes. C'est le premier tour de force que réalise Saul Friedländer. Fondé sur de nombreuses archives inédites, nourri de voix innombrables (journaux intimes, lettres, mémoires), ce second volume de L'Allemagne nazie et les Juifs est magistral : implacablement et sobrement, il déroule l'effroyable scénario qui mène à la " solution finale " et à sa mise en œuvre. Complicité des autorités locales, soutien actif des forces de police, passivité des populations et notamment des élites, mais aussi promptitude des victimes à se soumettre aux ordres dans l'espoir d'améliorer leur sort : c'est cette histoire d'une extrême complexité qui est ici racontée avec une maîtrise rare. Première parution en anglais HarperCollins, 2007 et en grand format, Seuil, 2008.
Buczacz est une petite ville de Galicie (aujourd’hui en Ukraine). Pendant plus de 400 ans, des communautés diverses y ont vécu plus ou moins ensemble ; jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu la disparition de toute sa population juive. En se concentrant sur ce seul lieu, étudié depuis l’avant-Première Guerre mondiale, Omer Bartov reconstitue une évolution polarisée par l’avènement des nationalismes polonais et ukrainien, et la lutte entre les deux communautés, tandis que l’antisémitisme s’accroît. À partir d’archives récoltées pendant plus de 20 ans, d’une documentation considérable, de journaux intimes, de rapports politiques, milliers d’archives rarement analysées jusqu’à aujourd’hui, il retrace le chemin précis qui a mené à la Shoah. Il renouvelle en profondeur notre regard sur les ressorts sociaux et intimes de la destruction des Juifs d’Europe. Omer Bartov est professeur d’histoire européenne à Brown University (États-Unis). Il est l’auteur de plusieurs livres importants, dont un seul, jusque-là, a été traduit en français (L’Armée d’Hitler, Hachette, 1999). Anatomie d’un génocide a été célébré par...
On le sait depuis les procès de Nuremberg : la " solution finale de la question juive " était un secret d'État partagé par les plus hautes élites nazies qui connaissaient pertinemment le sort des Juifs européens déportés à l'Est : la mise à mort systématique, à Auschwitz ou à Treblinka. Si l'on en croit son Journal, néanmoins, Goebbels constituait une exception. Le ministre de la Propagande avait certes été informé du massacre des Juifs soviétiques puis polonais. Pour autant, il crut pendant longtemps que les Juifs déportés depuis l'Allemagne étaient concentrés à l'Est dans des ghettos, en attendant une future transplantation. Or ils étaient assassinés. Intime de Hitler et figure majeure du régime, Goebbels était-il le seul à ne pas savoir ? S'appuyant sur une très large documentation, Florent Brayard fait dans cette enquête le pari inverse : la singularité du cas Goebbels invite en réalité à repenser le secret qui entoura Auschwitz. Car les archives révèlent de nombreuses anomalies, passées souvent inaperçues, qui montrent que la " solution finale " fut durablement présentée au sein de l'appareil d'État comme une simple transplantation. De ...
Par ses silences durant la Seconde Guerre mondiale, Pie XII reste aujourd’hui le pape le plus controversé du xxe siècle. Est-il pour partie responsable du génocide du peuple juif ? Se distinguant des livres sur l’attitude du pape, Muriel Guittat-Naudin construit le récit raisonné de cette polémique dont nous ne cessons, depuis le début des années 1960, de vivre les soubresauts.
Enseigner l'Holocauste au 21e siècle est un livre publié dans le cadre du projet du Conseil de l'Europe intitulé " Apprendre et enseigner l'histoire de l'Europe du 20e siècle ". Compte tenu de la résurgence de l'antisémitisme dans certaines parties de l'Europe, de l'accessibilité de sites négationnistes sur l'Internet et de la position isolationniste adoptée aujourd'hui par certains dirigeants politiques européens, l'enseignement de l'Holocauste occupe une place importante dans le projet. Certains pays ont défini des normes élevées pour l'enseignement de l'Holocauste, mais d'autres manquent de matériels pédagogiques. Souvent, les enseignants eux-mêmes n'ont pas une connaissance approfondie de la question et, à moins de mener des recherches personnelles, ne savent comment aborder un sujet qui dépasse largement les limites de l'histoire en tant que discipline scolaire. Ce guide, fondé sur les travaux d'auteurs aussi incontestés que Raul Hilberg, Sir Martin Gilbert, Saul Friedlander et Christopher Browning, et sur des témoignages directs, notamment ceux de Primo Levi, de Hermann Langbein et de personnes interviewées par Claude Lanzmann, propose aux enseignants...
« Auschwitz ce n’était rien [après Treblinka], Auschwitz c’était un camp de vacances. » Ainsi s’exprimait Hershl Sperling, l’un des très rares survivants du plus effroyable centre de mise à mort de l’Aktion Reinhard. Son propos peut sembler sacrilège au lecteur peu informé de la réalité de Treblinka. En effet si le nom de ce site est connu, son histoire, comme celle de Belzec et de Sobibor, l’est beaucoup moins, les nazis ayant pris grand soin d’effacer les traces de leur entreprise barbare, de liquider les derniers témoins et de raser les vestiges qu’ils abandonnaient. D’où le défi que pose cette « impossibilité de rendre compte ». Ainsi, dès 1943, le site de Treblinka avait-il déjà repris l’aspect d’une exploitation agricole. Dernière halte d’un chemin noir tracé depuis Berlin, Treblinka, parmi tous les centres de mise à mort, devança Auschwitz en efficacité. C’est là que la destruction des Juifs fut le plus « expéditive » : près d’un million de personnes y furent assassinées en 400 jours. S’appuyant sur des sources inédites, Michal Hausser Gans décrit en détail, depuis sa genèse, le fonctionnement du camp,...
La question dun antisémitisme toujours prêt à renaître de ses cendres na pas cessé de ressurgir dès lors qu'il apparut que lémancipation puis lintégration des Juifs dans les sociétés dEurope occidentale navaient pas suffi à effacer stéréotypes et hostilités.L'antisémitisme a fini par constituer une forme de " référentiel culturel" dont les contours dépassent les frontières nationales et transcendent les clivages sociaux.L'antisémitisme, tel qu'il se développa dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle et par la suite, ne fut pas circonscrit aux sphères militantes. Il s'infiltra jusque dans des milieux se défendant, a priori, de toute hostilité à l'égard des juifs. Il s'insinua, dans des domaines aussi divers que le discours scientifique, la littérature, la chanson, le cinéma, la presse humoristique et satirique, etc. permettant au stéréotype antisémite d'atteindre un large public tout en lui donnant les apparences de l'innocuité, celui-ci apparaissant comme un élément banal de limaginaire social que le propos fût récréatif ou ludique. Une perspective de longue durée simposait pour saisir permanences et évolutions, transformations...
En référence à l'œuvre de Rolande Trempé (historienne du mouvement ouvrier) ont été rassemblées des contributions d'historiens, de sociologues, de juristes, de syndicalistes et de militants. Elles traitent de cas aussi divers que la Commune de Paris, la Guerre d'Algérie, les nationalisations mexicaines, les grèves françaises de décembre 1995, Mai 68, l'expérience des Gardes rouges, les femmes dans la Résistance... Leur fil directeur est une réflexion sur les rapports entre l'action et l'écriture de l'histoire, sur les difficultés à concilier militantisme, témoignage et distanciation de l'historien.