Ebooks Gratuits

Télécharger les dernières nouvelles en format ebook, pdf et epub

Nous avons trouvé un total de 40 livres trouvés pour votre recherche. Téléchargez les ebooks et profitez-en !

Pour un humanisme numérique

Auteure: Milad Doueihi

Nombre de pages: 268

La position unique de Milad Doueihi dans l'approche de ce qu'on nomme les "humanités numériques" tient d'abord à sa propre extériorité : ce passionné de théologie du monde oriental, ce familier de la poésie contemporaine et de la philosophie antique n'a pas ses racines dans la technique et l'informatique. Extériorité géographique aussi, arpenteur du vieux monde et du nouveau : qui a assisté une fois à une conférence de Milad Douehi, ces improvisations sans notes, toutes lestées d'Aristote ou de Rousseau et tant d'autres, sait comme il nous fera voyager dans les frontières de notre propre culture. C'est notre statut d'homme, notre curiosité, et au service de quoi on place nos minces savoirs, qu'il vient questionner dans les outils d'aujourd'hui. Il les décrypte et les décortique dans leurs plus hautes conséquences. On n'entre pas dans l'analyse de la "grande conversion numérique" sans mettre les mains soi-même dans ses rouages. Moteurs de recherche, jeux en réseau, réalité augmentée, le chercheur ouvre la maison-écran et s'y installe avec ses outils. Mais c'est en tant que philosophe et amoureux de la langue qu'ici on va suivre une des plus riches...

Le Tiers-Corps - Réflexions sur le don d'organes

Auteure: Sylviane Agacinski

Nombre de pages: 239

" Une peinture de Fra Angelico représente saint Côme, patron des chirurgiens, et son frère Damien, au chevet d'un sacristain auquel ils sont en train de greffer la jambe d'un Maure. Comment les célèbres médecins s'étaient-ils procuré la jambe de l'Africain ? La fable ne le dit pas. Était-il donneur ? Mort ou vif ? Avait-il vendu un de ses membres ? Ou bien s'était-on simplement emparé de la jambe d'un homme de peu d'importance ? Ce personnage manque dans la scène. Ni médecin ni malade, il est le tiers dont le corps est requis par la transplantation : je l'appellerai le tiers-corps." S. A. Au cours de ses réflexions sur la transplantation, dans sa dimension à la fois technique et sociale, Sylviane Agacinski souligne l'ambiguïté d'une pratique médicale qui sauve de nombreuses vies mais crée aussi une " demande d'organes " : comment y répondre ? D'abord, soutient l'auteur, en protégeant le corps des vivants face aux ultra-libéraux, partisans d'un marché légal des organes, et aux trafiquants dont les miséreux et les réfugiés sont victimes, lorsque les États laissent faire. Ensuite, en privilégiant le don de soi post mortem, librement consenti, plutôt...

Le Jumeau solaire

Auteure: Charles Malamoud

Nombre de pages: 208

Dans la mythologie de l'Inde ancienne, le dieu Yama, fils du Soleil, est aussi le premier mort : il fait l'expérience de la mort pour reconnaître le chemin que les hommes, après leur trépas, emprunteront pour accéder à l'au-delà.Roi des ancêtres, préposé à la mort, juge des morts, yama fait connaître et impose aux hommes leur condition de mortels. Il est parmi les dieux celui qui veille sur les contraintes et les devoirs qui ordonnent la vie sociale et individuelle. A ce titre, son pouvoir (son «bâton») est le modèle du pouvoir royal ici-bas.Yama a une sœur jumelle, Yami. Bien qu'il se soit dérobé, par peur de l'inceste, à l'amour qu'elle lui offrait, elle le pleure quand il meurt, puis transforme sa douleur en deuil et crée des formes nouvelles de remémoration et de tendresse entre frères et sœurs.Dans ce livre, Charles Malamoud analyse les relations que la sagesse et les folies de l'Inde ont su déceler entre la mort, la loi, la répétition et l'écriture. Il met en perspective les rites et les mythes de l'Inde védique et brahmanique qui disent comment vivent les mortels, comment les générations se succèdent.

La Mezzanine, le dernier récit de Catarina Quia

Auteure: Anne-marie Albiach

Nombre de pages: 288

Le roman traditionnel a longtemps puisé dans le réel vécu de ses auteurs, le racontant, le transposant, le dissimulant, le triturant, le torturant, le sublimant. Cela s'est fait, et continue à se faire de nos jours, d'innombrables manières. La narratrice de La Mezzanine, Catarina Quia, a joué, elle, " franc jeu ". Elle n'a rien censuré ou déformé des circonstances terribles dont elle entreprenait, par la fiction, de se libérer. L'audace est grande, avant tout formelle : ne pas dissimuler le contexte proprement infernal de la composition. [...] Comme dans le roman médiéval, les noms des personnages sont lourds de sens. Le nom du personnage principal, surtout s'il envahit le titre, pèse. Le lecteur le reçoit en pleine lecture et ses yeux s'y heurtent sur les pages. Il est impossible de ne pas s'émerveiller de son étrangeté, de sa singularité. " Quia ". Qu'est-ce que ce nom ? Il est prélevé tel quel d'un mot latin ; dont le sens est " parce que ". Catarina Quia est l'auteur " parce que ". Peut-être " parce qu'il en est ainsi ". Peut-être : " parce qu'elle s'explique ". [...] La Mezzanine. Le dernier récit de Catarina Quia est une étrange, une surprenante, une...

Heidegger, les Juifs, la Shoah. Les Cahiers noirs

Auteure: Donatella Di Cesare

Nombre de pages: 400

Au-delà du cercle des philosophes, c'est le monde de la culture qui a été ébranlé depuis la publication des Cahiers noirs de Martin Heidegger. La cas de ce philosophe s'est transformé en affaire médiatique. " Pour qualifier l'antisémitisme de Heidegger j'ai choisi l'adjectif "métaphysique' qui ne l'atténue en rien. Il en indique au contraire la profondeur. Il s'agit d'un antisémitisme plus abstrait et, pour cette raison, plus dangereux encore. Mais "métaphysique' renvoie aussi à la tradition de la philosophie occidentale. Dans son "antisémitisme métaphysique', Heidegger n'est pas isolé : il s'inscrit dans le sillage des philosophes allemands, notamment de Kant à Hegel et à Nietzsche. Qui donc aujourd'hui se charge de penser philosophiquement "ce qui est advenu', c'est-à-dire non seulement le Troisième Reich, non seulement Auschwitz, mais la "question juive' dans la philosophie occidentale ? Ces questions sont refoulées car considérées tacitement comme non philosophiques. L'hostilité de nombreux philosophes envers les Juifs est passée le plus souvent sous silence. Il s'agit d'un chapitre obscur et inquiétant de la philosophie. Même si la pensée n'est pas ...

Ni plus ni moins

Auteure: Ida Vitale

Nombre de pages: 288

Après avoir traduit la poésie d'Alvaro Mutis puis celle de César Vallejo, François Maspero avait entrepris de traduire Ida Vitale. La mort l'a surpris au cœur de ce travail. Silvia Baron Supervielle a pris le relais. Elle a choisi et traduit la plupart des poèmes qui composent cette anthologie. Ida Vitale a reçu en 2015 le prix Reina Sofía qui est la plus haute distinction pour la poésie ibéro-américaine consacrant ainsi la poète uruguayenne comme une des voix majeures de la poésie de langue espagnole. Annie Morvan et François Vitrani - Prix Reina Sofía 2015 pour l'ensemble de son oeuvre. - Prix Max Jacob étranger 2017 pour Ni plus ni moins. - Prix Cervantès 2018 pour l'ensemble de son oeuvre. - Prix FIL de littérature de langues romanes de la foire internationale du livre de Guadalajara au Mexique 2018 pour l'ensemble de son oeuvre.

L'Attentat de Sarajevo

Auteure: Georges Perec

Nombre de pages: 208

1957. Georges Perec a vingt-et-un ans. Il est un étudiant (en histoire) qui n'étudie plus. Il voudrait écrire, n'y parvient guère. En juin 1956, il commence une psychanalyse. Fin juillet 1957, il part pour la Yougoslavie. Le 8 septembre, à peine revenu, il rédige dans l'urgence un roman tout imprégné de son expérience yougoslave, L'Attentat de Sarajevo. C'est un galop d'essai mené au galop. C'est, littéralement, son premier " Cinquante-trois jours ". Tel Stendhal dictant La Chartreuse de Parme en cinquante-deux jours, il dicte le livre à une de ses anciennes camarades du lycée d'Étampes. Le tapuscrit, perdu, n'a été retrouvé qu'après sa mort. Lecteur, c'est avec un Perec inattendu que tu vas faire connaissance. Frôlant le roman d'analyse psychologique, esquissant une histoire d'amour et de jalousie, c'est avec le scénario Hamlet que se débat l'auteur-narrateur, un " je " quasiment au premier degré, oscillant entre récit autobiographique et fiction. L'attentat de 1914 fit s'embraser l'Europe ; celui de 1957 reste un fantasme, dont le narrateur, en bon flaubertien, ne serait sans doute pas loin de penser que c'est " ce que nous avons eu de meilleur ". Dans les ...

Au dos de nos images II, suivi de "Le Gamin au vélo" et "Deux jours, une nuit". (2005-2014)

Auteure: Luc Dardenne , Jean-Pierre Dardenne

Nombre de pages: 399

Quand mon frère et moi nous disons que pour faire un film à deux il faut que nous désirions faire le même film, il me semble que cela veut dire que tous les deux nous atteignons cet état où nous sommes hantés par les mêmes images lointaines qui s'éveillent en nous [...] dont nous ne parlons pas mais qui surgissent de notre enfance partagée. Ce ne sont pas des images mais plutôt des phantasmes, des bribes de scénario enfouis qui reviennent et nous attirent. Qu'est-ce qu'un père, une mère, un fils, une fille ? Qu'est-ce qu'un individu qui ne serait ni père, ni mère, ni fils, ni fille ? Est-ce pensable ? Après le nazisme et le communisme réel qui voulurent remplacer le lien généalogique par la soumission au Maître ou au Parti et avec le consumérisme contemporain qui starifie l'individu sans lien, c'est une question qui n'est pas insignifiante. " Indignez-vous ! " dit-il, " Indignez-vous ! " Le problème est que l'indignation est loin d'être libre de préjugés. Seule, elle est aveugle, prête à s'accoupler à n'importe quelle colère. Comme les événements télévisuels, beaucoup de films sont mis en scène pour être filmés. Le film Shoah de Claude Lanzmann ...

Le Métro revisité

Auteure: Marc Augé

Nombre de pages: 112

Je n'ai jamais cessé de prendre le métro, jamais cessé d'être un Parisien. Je peste parfois contre les embarras de la capitale et rêve d'une ville sans embouteillages, sans heures de pointe, mais, d'un autre côté, je suis toujours un peu dérouté par la paix des champs, la douceur angevine ou la solitude des plages désertes en hiver lorsque, d'aventure, il m'arrive d'en faire l'expérience. Pus de vingt ans après Un ethnologue dans le métro, publié en 1986 dans " Textes du XXe siècle ", l'ancêtre de la présente collection chez Hachette, ce n'est pas d'un retour à proprement parler qu'il peut s'agir ici, mais plutôt d'un arrêt, d'une pause, d'un coup d'œil rétrospectif pour essayer de faire le point. Car l'étonnant, avec le changement, ce n'est pas qu'il ait eu lieu, c'est que nous ne nous en soyons pas rendu compte : il s'est imposé si " naturellement " que nous avons besoin aujourd'hui des traces du passé, évidences d'hier devenues plus ou moins obsolètes, pour en admettre la réalité et en prendre la mesure. En vingt ans, le métro s'est transformé au rythme de Paris et du monde. Qui sont au juste mes contemporains ou plutôt de qui puis-je me dire...

Eloge du politique. Une introduction au XXIe siècle

Auteure: Vincent Peillon

Nombre de pages: 222

Aux grandes réponses traditionnelles relatives au sens de notre modernité – la mort de Dieu, la mort de l'homme – dont il réfute la pertinence, Vincent Peillon substitue une autre piste de lecture. Ce qui se joue dans notre temps, c'est la mort du politique. Réduite à l'économie, à la morale, ou à la seule communication, la politique n'est-elle pas devenue elle-même "antipolitique" ? Mais qu'est-ce que le politique dont il s'agit ici ? Nos traditions démocratiques se sont construites autour d'une alliance entre philosophie et politique, un mode d'organisation de la Cité et un type de rationalité critique. Socrate apostrophant les puissants – hommes d'argent, de pouvoir ou de verbe – illustre le fondement de cette histoire. Celle-ci s'est déployée à travers l'humanisme civique de la Renaissance, les Lumières et la Révolution, la fondation de la troisième République, toujours dans la lutte et l'affrontement avec ceux qui veulent exercer le pouvoir, prétendent posséder la vérité et se prennent pour des dieux. Nourri d'une méditation continue des œuvres des philosophes classiques et modernes, particulièrement de Merleau-Ponty, mais aussi d'une...

Le sionisme fut un humanisme

Auteure: Uri Eisenzweig

Nombre de pages: 192

Le sionisme fondateur fut un humanisme, pas un nationalisme. Le mot " humanisme " fera sourire certains. D'autres, par contre, grinceront des dents : humaniste, vraiment, l'idéologie à l'origine du malheur des Palestiniens ? En fait, oui, et c'est l'objet de cet essai de le montrer. De souligner combien la référence à des valeurs universelles et la revendication correspondante d'une dignité pour tous furent au coeur de la logique fondatrice formulée par les premiers penseurs du sionisme. Une évolution était-elle inévitable ? Je suis enclin à le croire. L'humanisme du discours des fondateurs consistait en ce que ce dernier s'articulait autour de la question de l'altérité : le Juif comme l'Autre de la Diaspora, le territoire recherché comme rien de plus qu'un espace-refuge pour cet Autre. Or comment préserver le privilège humaniste de l'altérité dans un refuge désormais conçu comme juif et où, en quelque sorte par définition, le Juif n'est plus l'Autre ? Le sionisme des origines fut un moment de grande beauté dans l'histoire de la pensée rationnelle et universaliste moderne, dans l'histoire de l'humanisme. Le reconnaître, c'est également reconnaître que ce ...

L'Histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales

Auteure: Ivan Jablonka

Nombre de pages: 359

Concilier sciences sociales et création littéraire, c'est tenter d'écrire de manière plus libre, plus originale, plus juste, plus réflexive, non pour affaiblir la scientificité de la recherche, mais au contraire pour la renforcer. Réciproquement, la littérature est compatible avec la démarche des sciences sociales. Les écrits du réel - enquête, reportage, récit de vie, témoignage - concourent à l'intelligibilité du monde par la qualité de leur raisonnement. Des sciences sociales qui émeuves et captivent ? Une littérature qui produit de la connaissance ? Il y a là des perspectives nouvelles pour le siècle qui s'ouvre.

À ce qui n'en finit pas - Thrène

Auteure: Michel Deguy

Nombre de pages: 241

Le thrène et un chant funèbre accompagné de danses. Te survivre ne va pas de soi. Je ne crois à aucune survie hors celle qui est la mienne pour aujourd'hui et qui reprend la peine au réveil. Je ne crois à aucun commerce avec les morts hormis celui que j'entretiens avec ton empreinte en moi. Je ne crois à aucune vie éternelle, nous ne nous retrouverons jamais nulle part, et c'est précisément ce défoncement du futur qu'aucun travail de deuil ne remblaiera en quoi consiste la tristesse, cette tristesse qui disparaîtra à son tour avec " moi ". Il y a un mois mourait ma femme. Je ne peux dire tu mourais, d'un tu affolant, sans destinataire ; et je dis bien " mourait ", non pas dépérissait ou lisait ou voyageait ou dormait ou riait, mais " mourait ", comme si c'était un verbe, comme s'il y avait un sujet à ce verbe parmi d'autres. Le livre sera non paginé parce que chaque page, ou presque, pourrait être la première, ou la nième. Tout recommence à chaque page ; tout finit à chaque page. M. D.

Mythe et Religion en Grèce ancienne

Auteure: Jean-Pierre Vernant

Nombre de pages: 128

Qu'est-ce qu'une religion sans dieu unique, sans Église, sans clergé, sans dogme ni credo, sans promesse d'immortalité ? Brosser le tableau de la religion civique des Grecs c'est, en s'efforçant de répondre à cette question, s'interroger sur le statut de la croyance dans ce type de commerce avec l'au-delà, sur les rapports du fidèle à ses dieux, sur la place restreinte qu'occupe l'individu dans cette économie du sacré. Engagé dans les institutions de la cité, le religieux apparaît orienté vers la vie terrestre : il vise à ménager aux citoyens une existence pleinement humaine ici-bas, non à assurer leur salut dans l'autre monde. Ce que la religion laisse en dehors de son champ et que des courants sectaires et marginaux prennent en charge, la philosophie se l'appropriera : élaboration du concept de transcendance, réflexion sur l'âme, sa nature, son destin, recherche d'une union de soi et de dieu en purifiant l'âme de tout ce qui n'est pas en elle apparenté au divin. J.-P. Vernant

Naissance littéraire du fascisme

Auteure: Uri Eisenzweig

Nombre de pages: 192

Fin 1897, l’innocence du capitaine Dreyfus éclate au grand jour. S’opère alors un étonnant chassé-croisé. Bernard Lazare, le premier à avoir réfuté publiquement la thèse d’un Dreyfus coupable, se retire de la scène médiatique. Alors que Maurice Barrès, jusqu’ici silencieux, s’engage dans le déni de l’évidence : l’injustice commise à l’égard du capitaine juif.Le livre d’Uri Eisenzweig se penche sur ce moment paradoxal. Il en propose une interprétation touchant aux positions de fond de ces deux penseurs majeurs du dreyfusisme et de l’antidreyfusisme. Marqués par une même sensibilité littéraire fin de siècle, tous deux rejettent le récit comme forme privilégiée du vrai. C’est ce rejet qui, après avoir guidé son effort pionnier de démystification, écarte l’anarchiste Lazare du combat centré sur l’effort de raconter la vérité – dont le « J’accuse ! » de Zola est le modèle. En même temps, la fascination pour une vérité échappant au récit génère chez Barrès une imagination romanesque qui, transposée au domaine politique, annonce le fascisme : la conception de la Nation comme entité organique enracinée, fatalement ...

Destins de l'eugénisme

Auteure: Paul-André Rosental

Nombre de pages: 576

Imaginez une cité-jardin résidentielle offrant des conditions exceptionnelles à des couples choisis qui s'engagent sur un contrat de procréation... Localisée au pied du Parlement européen à Strasbourg, cette expérimentation grandeur nature dura des années 1920 aux années 1980 grâce au soutien des pouvoirs publics. Synthèse de l'eugénisme britannique, allemand et français, ce projet visait à " accélérer l'évolution de l'espèce humaine ". Le créateur de ce " laboratoire humain ", Alfred Dachert, était un homme d'affaires qui se rêvait en poète tragique de l'eugénisme, en Ibsen alsacien. Paul-André Rosental explore cette entreprise politique et scientifique en se fondant sur des archives inédites. En expliquant l'énigmatique longévité de l'expérience, l'auteur réinterprète les grandes politiques républicaines de l'après-guerre, de la Sécurité sociale à la démocratisation scolaire. Dans cet essai pionnier de microhistoire politique de la France contemporaine, Paul-André Rosental prend la mesure de l'héritage de l'eugénisme, idéologie scientiste et inégalitaire, en contexte démocratique. L'eugénisme ne constitue pas seulement une théorie...

Jacqueline Jacqueline

Auteure: Jean-Claude Grumberg

Nombre de pages: 303

C’est durant la réception internationale de La Plus Précieuse des marchandises que Jean-Claude Grumberg perd Jacqueline son épouse. Depuis, jour et nuit, il tente de lui dire tout ce qu’il n’a pas pu ou pas osé lui dire. Sans se protéger, ni rejeter ce qu’il ne peut ni ne veut comprendre, il dialogue avec la disparue. Incrédulité, révolte, colère se succèdent. Dans ses propos en cascades, réels ou imaginaires, qui évoquent la vie de tous les jours, Grumberg refuse de se raisonner, de brider son deuil. Les jeux de mots, l’humour, l’ironie, l’autodérision n’y changent rien. Dans ce livre, où alternent trivialité et gravité, entre clichés et souvenirs, l’auteur dit la difficulté d’exprimer ce qu’il ressent. Jean-Claude Grumberg fait son livre « pour et avec » Jacqueline, exaltant l’amour et l’intimité de la vie d’un couple uni pendant soixante ans.

L'Autre Face de la lune. Ecrits sur le Japon

Auteure: Claude Lévi-Strauss

Nombre de pages: 199

" [...] Pour qui aborde l'histoire, non pas, si j'ose dire, par la face visible de la lune – l'histoire de l'ancien monde depuis l'Égypte, la Grèce, et Rome – mais par cette face cachée de la lune qui est celle du japonologue et de l'américaniste, l'importance du Japon deviendrait aussi stratégique que celle de l'autre histoire, celle du monde antique et de l'Europe des temps archaïques. Il faudrait alors envisager que le Japon le plus ancien ait pu jouer le rôle d'une sorte de pont entre l'Europe et l'ensemble du Pacifique, à charge pour lui et pour l'Europe de développer, chacun de son côté, des histoires symétriques, tout à la fois semblables et opposées : un peu à la façon de l'inversion des saisons de part et d'autre de l'équateur, mais dans un autre registre et sur un autre axe. C'est donc [...] dans une perspective beaucoup plus vaste que le Japon peut nous sembler détenir certaines des clés maîtresses donnant accès au secteur qui reste encore le plus mystérieux du passé de l'humanité. " Claude Lévi-Strauss Préface de Junzo Kawada Professeur au Collège de France, Claude Lévi-Strauss est né à Bruxelles le 28 novembre 1908 et mort à Paris le ...

La Presse, le pouvoir et l'argent (nouvelle édition revue et augmentée)

Auteure: Jean Schwoebel

Nombre de pages: 369

Il arrive que la presse n'ait pas bonne presse. Ce fut le cas, il y a cinquante ans, durant les événements de mai et juin 1968. On vit alors fleurir des affiches qui ne faisaient pas dans la nuance. L'une montrait une bouteille de poison accompagnée de cette mise en garde : " Presse. Ne pas avaler. " Une autre rendait un verdict sans appel : " Toute la presse est toxique. " D'autres encore, visant l'audiovisuel public, présentaient un policier casqué avec ce commentaire : " La police vous parle tous les soirs à 20 h. " Or, au même moment, on pouvait trouver dans les librairies un livre qui contredisait cette vision uniforme d'une presse ligotée et de journalistes asservis. Ce livre, c'est celui-ci, La Presse, le Pouvoir et l'Argent de Jean Schwœbel, sorti aux Éditions du Seuil précisément en ce printemps 1968. La nouvelle édition de cet ouvrage pionnier permet de mettre en évidence l'actualité d'une tradition, celle de rédactions se battant pour l'indépendance de leurs médias. " Résister, c'est créer. Créer, c'est résister " : cette formule a souvent inspiré la génération de la Résistance, celle de Jean Schwœbel et de ses collègues, dont les combats...

Les Noms de l'Histoire. Essai de poétique du savoir

Auteure: Jacques Rancière

Nombre de pages: 224

Une histoire, au sens ordinaire, c'est une série d'événements qui arrivent à des sujets généralement désignés par des noms propres. Or la révolution de la science historique a voulu révoquer le primat des événements et des noms propres au profit des longues durées et de la vie des anonymes. C'est ainsi qu'elle a revendiqué en même temps son appartenance à l'âge de la science et à l'âge de la démocratie. Mais l'âge de la démocratie et de la science des grands nombres est aussi celui du trouble littéraire et révolutionnaire : de la multiplication des paroles, des récits séduisants et des mots excessifs. Des rois y perdent leur tête et la rationalité semble parfois s'y abîmer. Les historiens veulent garder leur tête et connaître les choses en les dépouillant de leurs noms trompeurs. Mais les choses de l'histoire ont cette propriété déroutante de s'évanouir quand on veut les rendre à leur simple réalité. La limite de la croyance scientiste en histoire, c'est l'évanouissement de l'histoire elle-même, le nihilisme révisionniste et la rumeur désenchantée de la fin de l'histoire. Il apparaît alors que l'histoire, pour devenir science sans se...

Les Mal Nommés. Duras, Leiris, Calet, Bove, Perec, Gary et quelques autres

Auteure: Claude Burgelin

Nombre de pages: 370

Claude Burgelin livre une analyse surprenante de la relation que certains auteurs entretiennent avec leur nom propre. Si tant d’écrivains sont à l’aise avec leur patronyme, d’autres, souvent célèbres, se sentent « mal nommés » : ils sont sous l’emprise d’un trouble mal dicible, un tourment, un ressentiment, une inquiétude autour d’un nom devenu question. Qui se cache sous les noms de Labrunie, Kostrowitsky, Destouches, Grindel, Bobovnikoff, de Crayencour, Donnadieu, Kacew, Joyaux, Thomas ou Alexis Mital etc. ? On reconnaît plus aisément : Nerval, Apollinaire, Céline, Éluard, Bove, Yourcenar, Duras, Gary, Sollers, Houellebecq ou Camille de Toledo... La renaissance « par le nom » peut coïncider avec l’instant premier de la création littéraire au risque d’une affirmation de soi comme « pseudo » – ce qui n’est parfois pas sans danger. Par l’invention d’un pseudonyme, acte d’une création de soi comme auteur, c’est aussi le nom du père qui se trouve mis à distance. Analysant la relation entre le nom propre de l’écrivain et ses écrits, Claude Burgelin formule une hypothèse rarement explorée : la relation complexe au père, aux...

Nous sommes tous des cannibales

Auteure: Claude Lévi-Strauss

Nombre de pages: 288

Claude Lévi-Strauss a écrit les pages qui forment à présent ce volume pour répondre à une demande du grand quotidien italien La Repubblica. Il en résulte un ensemble inédit, composé de seize textes écrits en français, entre 1989 et 2000. Partant chaque fois d'un fait d'actualité, Lévi-Strauss y aborde quelques-uns des grands débats contemporains. Mais, que ce soit à propos de l'épidémie dite de " la vache folle ", de formes de cannibalisme (alimentaire ou thérapeutique), de préjugés racistes liés à des pratiques rituelles (l'excision ou encore la circoncision), l'ethnologue incite à comprendre les faits sociaux, qui se déroulent sous nos yeux, en évoquant la pensée de Montaigne, un des moments fondateurs de la modernité occidentale : " Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ". Dans ces chroniques, qui portent la marque des dernières années du XXe siècle, on retrouve la lucidité et le pessimisme tonique du grand anthropologue. En ouverture du volume un texte écrit en 1952 : Le Père Noël supplicié. Maurice Olender Extrait de l'avant-propos Professeur au Collège de France, Claude Lévi-Strauss est né à Bruxelles le 28 novembre 1908 ...

En camping-car

Auteure: Ivan Jablonka

Nombre de pages: 192

Le camping-car nous a emmenés au Portugal, en Grèce, au Maroc, à Tolède, à Venise. Il était pratique, génialement conçu. Il m'a appris à être libre, tout en restant fidèle aux chemins de l'exil. Par la suite, j'ai toujours gardé une tendresse pour les voyages de mon enfance, pour cette vie bringuebalante et émerveillée, sans horaires ni impératifs. La vie en camping-car. I. J. Ivan Jablonka est historien et écrivain. Il a publié au Seuil, dans "La Librairie du XXIe siècle", Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus prix du Sénat du livre d'histoire 2012) et Laëtitia ou la fin des hommes (prix Médicis 2016). Dans ce livre, Ivan Jablonka esquisse une socio-histoire de son enfance, transformant l'autobiographie en récit collectif, portrait d'une époque. Prix Essai France Télévision 2018

Le Cours ordinaire des choses. Dans la cité du XVIIIe siècle

Auteure: Arlette Farge

Nombre de pages: 148

On le sait, l'historien expose les formes et les structures des situations sociales, en étudie les évolutions dans le temps, parfois y marque discontinuités et ruptures. Quelques chose me dit qu'il faut aller ailleurs. Car dans l'archive se lit le poids des êtres parlants, ce battement de l'histoire que l'histoire efface sous son récit officiel. Ici, dans les textes, existent des locuteurs qui racontent leurs histoires et des histoires. Aucun récit ne se ressemble, chacun ressemble autant qu'au réel qu'à de la fiction. J'essaie d'extirper du magma des sources des figures aux existences réelles avec des mots qui cherchent le rythme de vies à présent défuntes ; j'ajoute du récit au récit des textes, en décollant un peu les mots, en m'accrochant aux destins racontés, aux gestes, aux objets, aux ruses. Sans faire de glose. Avec l'absurde et obstiné dessin de hisser les paroles retrouvées. Avec la nécessité de faire histoire avec elles et d'en faire un enjeu. Dire l'autre en histoire, c'est observer un disparu en même temps que regarder son double ; et suggérer que dans les singularités qui lui appartiennent se joue un essentiel que l'on ne doit pas manquer....

Je suis né

Auteure: Georges Perec

Nombre de pages: 112

Je sais, en gros, comment je suis devenu écrivain. Je ne sais pas précisément pourquoi. Avais-je vraiment besoin, pour exister, d'aligner des mots et des phrases ? Me suffisait-il, pour être, d'être l'auteur de quelques livres ? [...] Avais-je donc quelque chose de tellement particulier à dire ? Mais qu'ai-je dit ? Que s'agit-il de dire ? Dire que l'on est ? Dire que l'on écrit ? Dire que l'on est écrivain ? Besoin de communiquer quoi ? Besoin de communiquer que l'on a besoin de communiquer ? Que l'on est en train de communiquer ? L'écriture dit qu'elle est là, et rien d'autre, et nous revoilà dans ce palais de glaces où les mots se renvoient les uns aux autres, se répercutent à l'infini sans jamais rencontrer autre chose que leur ombre. G. P.

George Sand à Nohant - Une maison d'artiste

Auteure: Michelle Perrot

Nombre de pages: 464

" Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée ", écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. À vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour " la bonne dame ", je n'éprouvais pas d'attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d'un âge qui n'avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais. Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l'Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu'elle n'aimait pas, une " oasis " propice au travail : elle y écrivit l'essentiel de son œuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix,...

Une enfance dans la gueule du loup

Auteure: Monique Lévi-Strauss

Nombre de pages: 238

" Le récit de mon enfance peut se lire comme un témoignage : le destin singulier d'une enfant belge, fille de mère juive, à qui on impose de vivre en Allemagne de 1939 à 1945 sous le IIIe Reich. Ce livre raconte aussi l'histoire d'une adolescente aux prises avec ses parents qu'elle juge irresponsables parce qu'ils ont entraîné leur famille dans la gueule du loup. J'aurais dû tenir un journal entre treize et dix-neuf ans, pendant ces années de guerre où mon père nous avait emmenés dans l'Allemagne nazie, ma mère, mon frère et moi. Or, dès mai 1940, la Gestapo perquisitionnait nos chambres. Nous étions prévenus : toute trace écrite pouvait nous trahir. Non seulement nous devions nous taire, mais ne rien posséder de suspect. Rentrée en France en 1945, les épisodes que je venais de vivre bouillonnaient dans ma tête, j'aurais tant aimé en parler. Personne pour m'écouter, on voulait tourner la page. Si j'avais été perspicace, j'aurais prévu qu'un jour une nouvelle génération s'intéresserait à la vie quotidienne pendant la guerre. Je n'ai pas anticipé, je n'ai pas écrit en 1945. J'ai donc attendu presque soixante-dix ans avant de livrer mes souvenirs...

Un garçon comme vous et moi

Auteure: Ivan Jablonka

Nombre de pages: 320

De livre en livre, Ivan Jablonka ouvre des voies nouvelles. Avec une audace et une créativité peu communes, il invente ses sujets et ses formes. Après Laëtitia, après En camping-car, il explore sa « garçonnité » dans les années 1970-1980, s’interrogeant sur le « nous-garçons » et les frontières incertaines entre masculin et féminin. De sa famille au service militaire en passant par l’école, il raconte sa formation au fil d’une enquête souvent poignante, parfois drôle – toujours passionnante – où beaucoup pourront se reconnaître. Car cette « autobiographie de genre » dévoile une intimité à la fois individuelle, sociale et politique : l’histoire d’une génération. Avec une honnêteté troublante, Ivan Jablonka analyse le « malaise dans le masculin » qui fut le sien, restituant le vif et l’éclat de l’enfance dans ses enthousiasmes, ses émois et ses peines.

À chacun son ciel

Auteure: Fabio Morabito

Nombre de pages: 288

La poésie n’est pas synonyme de lenteur. C’est un raccourci linguistique par excellence. Les poèmes sont généralement courts ; ils constituent un accélérateur de particules qui permet de sauter beaucoup de choses et d’aller droit à l’essentiel. Le poète est un champion de la vitesse. La poésie a le prestige de toute activité secrète, inutile et incompréhensible. Si elle n’était pas aussi incompréhensible, elle n’aurait pas ce prestige. Et nous, poètes, ne voyagerions pas comme nous le faisons. Il y a une veine spéculative dans ma poésie, qui en accompagne une autre, plus vécue, souvent autobiographique. J’aspire à une poésie qui, sans perdre ses racines dans le quotidien, ne se limite pas à l’anecdote. À partir d’une expérience particulière, la poésie parvient à illuminer une zone profonde de l’esprit. Être poète ne m’intéresse pas le moins du monde. Ce qui m’importe, c’est écrire un livre de poèmes. On n’est poète que lorsqu’on écrit de la poésie. Ensuite on cesse de l’être. Être poète n’est jamais une profession.

Laëtitia ou la fin des hommes

Auteure: Ivan Jablonka

Nombre de pages: 400

Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d'être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans. Ce fait divers s'est transformé en affaire d'État : Nicolas Sarkozy, alors président de la République, a reproché aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du " présumé coupable ", précipitant 8 000 magistrats dans la rue. Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille et les acteurs de l'enquête, avant d'assister au procès du meurtrier en 2015. Il a étudié le fait divers comme un objet d'histoire, et la vie de Laëtitia comme un fait social. Car, dès sa plus jeune enfance, Laëtitia a été maltraitée, accoutumée à vivre dans la peur, et ce parcours de violences éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière : un monde où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer. - prix Médicis 2016, - prix Transfuge du meilleur essai 2016, - prix littéraire Le Monde 2016, - prix de la meilleure Enquête de Lire 2016 et prix des Prix littéraires 2016.

Poétique. Remarques. Poésie, mémoire, nombre, temps, rythme, contrainte, forme, etc.

Auteure: Jacques Roubaud

Nombre de pages: 448

Ce volume rassemble un demi-siècle de réflexions dans une forme particulière de prose que j'appelle remarques. Il se compose de 15 sections de 317 remarques chacune. 317 est un nombre premier ainsi que son palindrome écrit 713. Pour des raisons numérologique liées au contenu, bien que non justifiées conceptuellement, 317 a été choisi pour trois raisons : – 317 est le nombre de sonnets du Rerum Vulgarium Fragmenta de Pétrarque ; – c'est le nombre fétiche de Khlebnikov ; – enfin 317 est un des nombres de Perec. J. R.

Le Chemin Walter Benjamin

Auteure: Lisa Fittko , Edwy Plenel

Nombre de pages: 384

Le chemin Walter Benjamin n’est pas qu’une métaphore. C’est une réalité : un itinéraire de randonnée pyrénéen qui, en Catalogne, mène de Banyuls-sur-mer à Portbou, de France en Espagne. Son point d’arrivée est le petit cimetière suspendu au-dessus de la Méditerranée où Walter Benjamin fut inhumé, après sa mort le 26 septembre 1940. Création de l’artiste israélien Dani Karavan, le mémorial qui lui rend hommage plonge dans la mer, à l’endroit précis d’un incessant tourbillon. Il s’intitule « Passages », en écho à l’oeuvre de l’intellectuel juif allemand qui s’est donné la mort à Portbou après avoir emprunté ce chemin pour traverser la frontière afin d’échapper à l’Europe national-socialiste. Ce sont les souvenirs de Lisa Fittko qui ont permis la renaissance de ce chemin de liberté. Résistante allemande au nazisme, elle fut en 1940- 1941, avec son mari Hans, l’âme d’un réseau clandestin organisant, depuis Banyuls, l’échappée en Espagne des persécutés par ce sentier que Walter Benjamin fut le premier à emprunter à ses côtés. Salué en Allemagne par le Grand Prix du livre politique lors de sa première...

Casanova ou l'Exercice du bonheur

Auteure: Lydia Flem

Nombre de pages: 256

Entre Casanova et nous, il y a presque deux siècles d’ignorance et de malentendu. On le croyait don juan de salon et mauvais bougre, on le découvre homme des Lumières et ami des femmes. Dans ce livre, Lydia Flem raconte comment l’enfant de Venise, malade et abandonné par sa mère, devient un homme audacieux, insolent, prêt à tout entreprendre. Casanova se jette dans l’existence sans rien vouloir en retour, sinon la plus scandaleuse des récompenses le plaisir. Pour les femmes, le Vénitien est un homme disponible, un amant sans conséquences. Toujours généreux, il se donne sans compter et ne trouve la volupté que lorsqu’elle est partagée. Son art de vivre est un exercice du bonheur. A pars, Rome, Berlin, Saint-Pétersbourg, Spa ou Londres, ce fils de comédiens se sent partout chez lui. Des salons aristocratiques aux bas-fonds, des alcôves aux couvents, des tables de jeux aux cénacles d’érudits, on le retrouve dans tous les cercles de la société du XVIIIe siècle. Tour à tour ignoré puis comblé par la bonne fortune, Casanova rebondit toujours. Exilé dans un château de Bohême, rattrapé par la vieillesse, cet amoureux de la langue française écrit...

L'autre Langue à portée de voix

Auteure: Yves Bonnefoy

Nombre de pages: 352

La neige tombe-t-elle semblablement dans toutes les langues ? Peut-être faudrait-il pour cela que les mots aient de l'une à l'autre de celles-ci les mêmes façons de se rencontrer, de s'unir ou de s'éviter, de se faire grands tourbillons ou légères virevoltes, minutes d'agitation suivies d'instants où le ciel paraît immobile, après quoi ce sont de brusques lumières. Et comme ce ne peut être le cas, si variés étant les idiomes qui se partagent la terre, il est vraisemblable que nos diverses cultures n'ont jamais tout à fait les mêmes neiges. Chaque langue à son idée de la neige. Et je me pose cette question : ces perceptions de la neige qui peuvent donc être différentes et sans doute même, en des cas, difficilement compatibles – la neige traversée dans l'Himalaya par un moine tibétain aux pieds presque nus, celle de nos enfants à leurs jeux, bien couverts de grosse laine – s'avoisinent-elles, parfois, ont-elles alors les unes avec les autres la même sorte de rapports qu'ont entre eux – très vifs, on dirait confiants – les flocons que rapproche une ombre de vent dans un instant de lumière ? Penchée chacune au balcon de sa propre langue, se...

L'Encre de la mélancolie

Auteure: Jean Starobinski

Nombre de pages: 672

D’où viennent la tristesse profonde, le désespoir, le délire, la fureur, le suicide ?Contre ceux qui invoquaient une cause surnaturelle ou une punition divine, la pensée médicale a fait prévaloir, dès l’Antiquité, une cause naturelle, une humeur du corps : la bile noire, c’est-à-dire la mélancolie. Sa noirceur, souvent comparée à celle du charbon ou de l’encre, était l’indice de son pouvoir maléfique. Cette humeur n’existait pas. Mais n’est-ce pas avec de l’encre que l’on écrit des poèmes?Durant plus d’un demi-siècle des thèmes liés à la mélancolie ont orienté certains de mes travaux. Les voici rassemblés, grâce à l’amitié de Maurice Olender. Ce livre espère démontrer que la mise en perspective de la mélancolie peut donner lieu à un « gai savoir ».Jean StarobinskiJean Starobinski est professeur honoraire à l’université de Genève, membre de l’Institut de France. Il a publié, dans la « La Librairie du XXIe siècle », Action et réaction. Vie et aventures d’un couple (1999) et Les Enchanteresses (2005).Postface de Fernando Vidal.Retrouver l'entretien réalisé par La Vie des Idées : "Le suspens du sens".

Arbres filles et garçons fleurs. Métamorphoses érotiques dans les mythes grecs

Auteure: Françoise Frontisi-Ducroux

Pourquoi, dans les mythes grecs de métamorphoses végétales, les jeunes filles sont-elles transformées en arbres, tandis que les garçons donnent en mourant naissance à de jolies fleurs ? Cette question, point de départ du livre, est d'abord déterminée par la langue française, qui veut que la fleur soit un nom féminin et que l'arbre soit masculin. L'étonnement est peut-être moins grand pour un Italien habitué à penser les fleurs au masculin. Et que dire des langues qui prudemment font appel au neutre ? Mais chacun pense dans sa langue. De fait nos noms de fleur font alterner les deux genres. À côté de la rose, paradigme du féminin depuis rosa – rosam – rosae... combien de lis, de narcisses et de glaïeuls dans nos jardins ? De roses d'ailleurs (neutre en grec : rhodon) il ne sera pas question, non plus que de marguerites, ni en tant que fleurs ni en tant que filles. Et, si l'on creuse un peu, les " jeunes filles en fleurs " se révèlent plus garçonnières encore que dans le récit proustien. ¿Françoise Frontisi-Ducroux raconte des mythes anciens où des jeunes gens, filles et garçons, exposés au désir amoureux des dieux, se transforment en plantes....

Le Cinquième Marteau. Pythagore et la dysharmonie du monde

Auteure: Daniel Heller-Roazen

Nombre de pages: 224

Selon une antique tradition, c'est Pythagore qui a inventé l'harmonie. On rapporte qu'un jour, alors qu'il se promenait près d'une forge, il entendit de merveilleuses sonorités et s'aventura à l'intérieur pour en savoir plus. Il y trouva cinq hommes qui frappaient avec cinq marteaux. À sa vive stupéfaction, il découvrit que quatre de ces marteaux avaient entre eux d'admirables rapports de proportion, qui, réunis, allaient lui permettre de reconstituer les lois de la musique. Mais il y en avait aussi un cinquième. Pythagore le vit et l'entendit, mais ne parvint pas à le mesurer ; il ne put davantage rendre raison de ce son discordant. C'est pourquoi il l'écarta. Qu'était-ce donc que ce marteau, pour que Pythagore décidât si résolument de le rejeter ? Dans Le Cinquième Marteau, Daniel Heller-Roazen montre que ce geste mythique donne une clé pour comprendre ce que fut autrefois l'harmonie : théorie des sons musicaux, mais aussi paradigme pour l'étude scientifique du monde sensible. C'est en vertu de l'harmonie que l'on a réussi à transcrire la nature dans les éléments idéaux des mathématiques. Pourtant, à de multiples reprises, cette entreprise s'est...

Le Roi tué par un cochon. Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?

Auteure: Michel Pastoureau

Nombre de pages: 270

Le bleu est la couleur de la France. Dans ce rôle ses origines sont anciennes : elles se situent vers le milieu du XIIe siècle, lorsque le roi Louis VII adopte deux attributs de la Vierge, le lis et l'azur, pour en faire les premières armoiries royales. Par ce choix, non seulement il rend hommage à la mère du Christ, patronne du royaume, mais surtout il tente d'effacer le souvenir d'une mort infâme qui, quelque temps plus tôt, a souillé tout ensemble la dynastie capétienne et la monarchie française : celle de son frère aîné Philippe, jeune roi de quinze ans, déjà sacré et associé au trône, tombé de cheval le 13 octobre 1131 à cause d'un misérable cochon de ferme vagabondant dans une rue de Paris. L'ouvrage de Michel Pastoureau raconte cet événement insolite, oublié de tous les livres d'histoire, et étudie dans la longue durée ses multiples conséquences. À bien des égards, cet accident provoqué par un animal impur et méprisé, que les chroniques qualifient de porcus diabolicus, loin d'être anecdotique, apparaît comme un événement fondateur.

Une ethnologie de soi. Le temps sans âge

Auteure: Marc Augé

Nombre de pages: 169

"Quel âge avez-vous ?" Cette question, depuis quelque temps, me plonge dans l’embarras. D’abord pour ceux ou celles qui me la posent, parce qu’elle me semble témoigner d’une forme d’indélicatesse dont je ne soupçonnais pas l’existence. Ensuite parce que je dois réfléchir avant de répondre.La question de l’âge est une expérience humaine essentielle, le lieu de rencontre, entre soi et les autres, commun à toutes les cultures, un lieu complexe et contradictoire dans lequel chacun d’entre nous pourrait, s’il en avait la patience et le courage, prendre la mesure des demi-mensonges et des demi-vérités dont sa vie est encombrée. Chacun est amené un jour ou l’autre à s’interroger sur son âge, d’un point de vue ou d’un autre, et à devenir ainsi l’ethnologue de sa propre vie.Vis-à-vis de notre passé, nous sommes tous des créateurs, des artistes, nous avançons à reculons pour ne cesser d’observer et de recomposer le temps passé.Marc Augé

Noël - Aux origines de la crèche

Auteure: Maurizio Bettini

Nombre de pages: 240

Quoi de plus familier, de plus " naturel ", qu'une crèche de Noël ? Chacun le sait : il s'agit d'une représentation de la naissance du Christ. Et pourtant, ouvrons les Évangiles : pas de crèche, pas de bœuf et pas d'âne, pas de rois mages, encore moins de " santons ". D'où vient alors tout ce monde ? Depuis quand et pourquoi fait-on la crèche ? Multipliant les incursions sur tous les territoires du passé, des Évangiles apocryphes à la Naples baroque en passant par les catacombes ou La Légende dorée, l'auteur nous entraîne dans une expédition fascinante à la recherche des origines de la crèche, où, comme dans le wonderland d'Alice, " le bon sens est toujours mauvais conseiller ", et où le quotidien se fait étrange, et le banal féerie. Comme dans les contes, Maurizio Bettini incite à un décentrement paradoxal où c'est " le chemin le plus long " qui est " la meilleure façon de rentrer chez soi ".

Derniers ebooks et auteurs recherchés