L'auteur de ces lignes est confronte avec deux assertions. La premiere, Qui est Florentin Smarandache? La seconde. Le poete n'a pas de biographie, Ia poesie est sa biographie mais, la deuxieme asserttion vient d'eliminer la premiere.
Arrivé à New York pétri d'ambition, Editchka déchante vite: sa femme Elena le quitte pour un Américain et notre grand poète russe, qui n'est plus rien ni personne aux Etats-Unis, comprend rapidement qu'il a troqué un pays gouverné par l'idéologie pour le monde de l'argent-roi. Il se lance alors dans un genre particulier de road trip, délimité par l'infinité de la ville. Il écume les bas-fonds, se jette dans toutes les aventures possibles et découvre l'homosexualité sur un terrain vague en plein milieu de Manhattan. Avec Le poète russe préfère les grands nègres, Edouard Limonov signe, en 1980, son premier livre et fait une entrée fracassante en littérature. L'auteur a su faire de sa vie un roman et de sa personne un inoubliable personnage, aussi rageur que sentimental, aussi insolent que sensible.
Dans la série des études consacrées aux rapports que l'individu entretient avec la modernité, cet essai prend le parti de faire du poète l'exemple de référence. En montrant combien les conditions politiques, économiques et sociales accentuent en lui plus qu'en tout autre le dualisme cartésien entre substance pensante et substance étendue, l'auteur entend faire mieux comprendre les mécanismes qui battent en brèche le mythe de l'individu indivis. La période qui court de la seconde génération romantique à la mort d'Antonin Artaud est, sur ce point, caractéristique. A travers quelques expériences poétiques s'y dessine un rapport sensible à la modernité conçu comme acte de résistance du moi tiraillé. L'auteur relit cette histoire à la lumière de trajectoires qui, pour être individualisées, n'en convergent pas moins vers la perception commune que la singularité de chacun est menacée de disparition. Il montre qu'au point de rencontre de l'histoire, de la philosophie et de la sociologie, l'homo poeticus moderne assimile alors la subjectivité à une simple variation sur l'individu atomisé et universalisé, tout en se démarquant de l'analyse distanciée des...
Les poètes modernes ont joué un rôle précurseur dans l'élaboration du mythe de l'artiste saltimbanque dont Jean Starohinski fut l'un des premiers à retracer l'émergence et les mutations au cours du XIXe siècle (Portrait de l'artiste en saltimbanque, 1970). Les douze études réunies dans ce volume prolongent les analyses du critique genevois en interrogeant l'engouement spécifique des poètes pour cette figure, les implications esthétiques et poétologiques du mythe, tout en élargissant la réflexion à la poésie européenne des XIXe et XXe siècles. Emblème ambigu d'un art dans lequel l'idéalisation de l'exploit artistique se mêle à un sentiment de déréliction, la figure du saltimbanque n'est pas seulement, pour les poètes modernes, une manière d'imaginer leur situation de poète ou de se comporter dans la vie, elle incarne aussi de nouvelles façons de dire et d'écrire. Au long d'un parcours qui traverse diverses cultures sont présentés de grandes voix de la poésie, des textes célèbres ou moins connus, qui déclinent les différentes facettes ou réappropriations du mythe, des Veilles de nuits de Bonaventure (1804) aux poèmes d'Hotels (1995) de...
Freddy avait enjambé la rambarde du balcon. Suspendu par les mains, ses pieds se balançaient dangereusement dans le vide. Puis il s'était laissé tomber sur le balcon d'en dessous. Quatre fois encore, il avait répété l'opération. II s'était retrouvé en bas en moins de deux minutes, sain et sauf! ite, Freddy avait couru à la gare. " L'express en direction de Bâle va partir ", annonçait le haut-parleur. Déjà, le train s'ébranlait. Assis sur le banc de bois d'un compartiment de troisième classe, Freddy se sentait prêt à affronter le vaste monde...