Comment raconter l’histoire des peuples originaires du nord, du centre et du sud de cet immense continent américain appelés « Indiens » par les conquistadores et missionnaires ? En ne se limitant pas à la seule période circonscrite aux sources écrites rédigées généralement par des chroniqueurs, des prêtres, des lettrés, fussent-ils d’origine indigène. Et en dépassant les barrières nationales, qui ne datent que du xixe siècle. Dans ce récit d’une richesse exceptionnelle et agrémenté d’illustrations, Carmen Bernand relève le défi avec brio. Elle s’intéresse aux trajets et réseaux d’échanges, à la violence sacerdotale et au sacrifice, qui est la dette que les hommes payent pour vivre, à la force agissante des signes sacrés gravés, peints, modelés sur des supports variés, à la Montagne sacrée, source de vie, et enfin au chamanisme, arrivé en Amérique avec les migrations asiatiques préhistoriques. Coquillages, maïs, drogues, dieux ou temples ponctuent ce grand voyage qui nous entraîne sur la trace des Mayas, des Aztèques, des Incas et bien d’autres encore, depuis les origines jusqu’à la Conquête, de la période coloniale à la...
Les textes-voyageurs ne sont pas que récits de voyage. Tout texte – que ce soit sous forme de livre ou de manuscrits – assujetti à des mouvements de migration, de mutation ou de translation intègre une dimension voyageuse. Que l'on envisage en effet le déplacement du texte dans son versant physique, et ce sont des géographies qui se dessinent ; que l'on examine le développement du texte dans sa matière et sa construction, ce sont des logiques diachroniques ou structurelles qui tracent des trajectoires et des lignes de composition ou de fracture ; que l'on considère enfin le mouvement du texte comme un transfert d'idées dans une langue et une culture autres, et son degré d'aptabilité définira de nouvelles limites entre variation, altération et amplification. Partant de ce principe que le texte est pérégrin à plus d'un titre, et donc d'une certaine façon cartographiable, des spécialistes des époques médiévales et modernes, littéraires et historiens, ont choisi d'en vérifier l'efficacité en éprouvant quelques-uns de leurs objets d'étude. Leurs contributions réunies dans ce volume interrogent autant le nomadisme, la porosité et la mutabilité des textes ...
Sans qu'Erasme ne s'y soit jamais rendu, sa pensée trouva en Espagne le terreau d'un mouvement précoce et vivace, nourri des exigences intellectuelles et spirituelles de l'Humanisme, et qui semblait tellement propice à son épanouissement rénovateur qu'il devait en inquiéter le pouvoir et subir bientôt ses persécutions. “ Il fallait, pour saisir et pour interpréter une histoire que domine le travail des intelligences et la passion multiple de la vie religieuse, une aptitude singulière à discerner toutes les nuances de la pensée, des inquiétudes et des espérances... L'auteur d'Erasme et l'Espagne a rempli tout le programme que le titre de son livre lui imposait ; avec quelle sûreté historique de méthode, avec quel sens et quelle intelligence des problèmes d'ordre intellectuel et religieux, avec quel talent et quelle maîtrise, tous les historiens de l'Espagne et de la Renaissance le savent depuis longtemps. ” (Renaudet, Erasme et l'Italie, Droz, 1998). Dans sa préface, Jean-Claude Margolin inscrit la thèse magistrale de Marcel Bataillon dans une large perspective, depuis la réception de l'œuvre, dès 1937, jusqu'aux recherches érasmiennes les plus...
Les romans cultes de Jean Bruce n'ont rien perdu de leur impertinence, de leur piquant... et de leur humour suranné ! Ces rééditions sont l'occasion de redécouvrir les aventures d'Hubert Bonisseur de la Bath, rendu célèbre à l'écran par Jean Dujardin. Redécouvrez les véritables aventures d'Hubert Bonisseur de la Bath Enrique Sagarra est désolé de ne s'être servi de sa corde à piano qu'une fois... et de plus, sur la plus belle, la plus dangereuse des taxi-girls, la mystérieuse Rosita. Mais aussi, pourquoi se mêle-t-elle de comploter contre son pays ? Le colonel Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117, naguère l'un des plus jeunes officiers-pilotes de l'US Air Force, réussira à sauver le président des Philippines et l'honneur des Etats-Unis en faisant partir un joli feu d'artifice dans une villa où se trouvent les membres influents d'une terrible organisation terroriste, le " Paltik ". Mais Enrique Sagarra, jaloux d'Hubert, prétend qu'il ne doit son succès qu'au fait qu'il est toujours trop bien placé auprès des jolies filles... Pure calomnie !
Né en 1927, Robert Jammes a été élève de l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm. Après quelques années passées dans les universités de Montpellier et de Grenoble, il s'est fixé à l'université de Toulouse-Le Mirail, où il a enseigné entre 1965 et 1987. Créateur et directeur d'une équipe de recherche associée au CNRS (LESO : Littérature Espagnole du Siècle d'Or), il a fondé en 1978 la revue Criticón, dont il continue d'assurer la direction, et a été, en 1985, à l'origine de l'Association internationale « Siècle d'Or ». Parmi les travaux de ce spécialiste de la poésie du Siècle d'Or, on retiendra : - ses Études sur l'œuvre poétique de don Luis de Góngora y Argote (1967), traduites en espagnol en 1987, sous le titre de La obra poética de Góngora ; - ses éditions des oeuvres de Luis de Góngora : Letrillas (édition critique française de 1963 ; édition espagnole de 1980) ; Las firmezas de Isabela (1984) ; Soledades (1994) ; - son anthologie pionnière de poèmes érotiques du Siècle d'Or, Floresta de poesías eróticas del Siglo de Oro, avec la collaboration de Pierre Alzieu et d'Yvan Lissorgues (édition française de 1975 ; édition...
Au temps des guerres d’Italie (1494-1559), lorsque les rois de France passaient les monts ou que l’ennemi menaçait, le royaume était placé sous la protection de saint Denis. Qui est donc ce saint tutélaire, paré d’un si grand prestige et investi de tant de pouvoir? Auteur d’une œuvre philosophique qui séduisit les humanistes, on le disait Athénien, disciple de saint Paul. Il passait aussi pour l’évangélisateur des Gaules, le premier évêque de Paris, où il périt martyrisé à Montmartre, le mont des martyrs. Pourtant, après 1571, la monarchie ne rend plus hommage au «patron du royaume de France» (Guichardin) et, le 25 juillet 1593, la conversion d’Henri IV dans l’abbatiale de Saint-Denis, «lieu de mémoire» de la monarchie, là où reposent trois lignées de rois de France (Mérovingiens, Capétiens, Valois), ne renoue pas le lien multiséculaire entre les rois et Denis. Pourquoi une telle déshérence? Ce livre examine les raisons de ce détachement entre la monarchie et le saint. Sans doute, la critique historique a-t-elle lézardé, pour la plus grande gloire de la France moderne, l’édifice de la légende médiévale en distinguant trois Denis ...
Juan Cruz est né dans une favela de Rio de Janeiro, a connu la jeunesse ingrate de ses semblables dans un milieu où il a côtoyé le pire, comme aussi le meilleur. Il s'y est créé des amitiés, y connaît l'amour, mais aussi la discorde et l'hostilité. Le père Joseph lui a donné une éducation religieuse. D'esprit vif et critique, Juan en a pris le meilleur. Treize ans d'errance à travers les Amériques en ont fait un homme d'expérience, instruit, au cœur généreux et à l'esprit ouvert. De retour à Rio, son passé le rattrape douloureusement. Il vivra dès lors avec le poids d'un dilemme sentimental que la révélation de sa mission divine lui fera trancher dans la pureté de ses convictions. Ce roman est le récit d'un combat moderne, contemporain, pour répondre aux aspirations vers la spiritualité purificatrice d'une humanité enchaînée à une civilisation matérialiste.
Le grand Marcel Bataillon projetait à la fin de sa vie une seconde édition de son oeuvre principale, Erasme et l'Espagne, que la Librairie Droz a publiée en 1937 et qui était épuisée depuis si longtemps. Pour ce faire, il avait soigneusement revu son texte et ajouté à l'annotation originale de nombreuses notes de mise à jour. A sa mort, ses héritiers, puis l'Administrateur du Collège de France, confièrent à Daniel Devoto le soin d'ordonner le manuscrit et de le préparer pour l'impression. L'ouvrage comporte trois volumes : le premier reproduisant Erasme et l'Espagne (texte de 1937), sans la bibliographie et avec des astérisques renvoyant aux Notes supplémentaires. Le second, contenant les Préfaces, les Notes supplémentaires, la Bibliographe, l'index. Le troisième contenant des articles et des études de Marcel Bataillon sur Erasme postérieurs à 1937, ainsi qu'une Bibliographie générale des écrits de M. Bataillon, établie par Ch. Amiel.
Pratiques hagiographiques II est la continuation de Pratiques hagiographiques dans l’Espagne du Moyen Âge et du Siècle d’Or, paru en 2005. Dans le volume que nous présentons ici sont traitées des questions concernant la littérature et l’histoire, l’histoire de l’art, le folklore, la religion et la théologie, au cours d’une longue période mieux caractérisée par son homogénéité que par ses différences internes, qui est celle du Moyen Âge et du Siècle d’Or espagnols. Chacun de ces deux grands moments a privilégié des thèmes et des angles d’approche spécifiques : pour le Moyen Âge, la modélisation héroïque du saint et la réorientation de l’hagiographie vers la narration de miracles spectaculaires ; pour le Siècle d’Or, l’élaboration et le contrôle de l’image de la sainteté dans le contexte de la Contre-Réforme, enjeux qui apparaissent nettement dans la comedia de santos et tout particulièrement dans les figures des saints au travail. Les rencontres scientifiques dont rendent compte ces pages, outre les échanges enrichissants qu’elles ont permis, témoignent de l’importance de l’interdisciplinarité dans ce genre de projet.
Cilices, haires, disciplines sont les instruments oubliés d’une macération de la chair omniprésente dans le catholicisme tridentin, mais devenue complètement anachronique aujourd’hui. Chez les carmélites déchaussées de Thérèse d’Ávila qui sont au coeur de cet ouvrage, comme dans d’autres ordres religieux qui se caractérisent par leur austérité, on se flagelle avec vigueur et en déployant des trésors d’ingéniosité pour accroître ses peines, on ingère des immondices pour signifier sa déchéance, on fait couler le sang en abondance pour se réclamer de l’imitatio Christi, ou pour édifier ou impressionner les autres. Loin de vouloir mettre en avant les pires images de la légende noire espagnole, ce livre s’attache à dégager les logiques spirituelles, culturelles et sociales de ce dolorisme assumé mais complexe et contradictoire.
Visions musicales sur le modèle de l'Apocalypse, extases divines provoquées par des chants profanes, ravissements de l'esprit à l'écoute du chœur angélique, divinisation du sujet au son d'instruments musicaux, déliquescence du corps devenu fluidité mélodique : dans la tradition chrétienne, la musique est à la fois langage céleste, corps sensible agissant sur le corps humain et métaphore pour décrire les altérations de l'être. L'ouvrage analyse les multiples relations entre la musique et l'expérience mystique à travers la littérature savante et visionnaire du XIIe siècle, les écrits franciscains, dominicains et cisterciens, ceux des béguines et des ermites errants jusqu'aux portes du XVIIe siècle, siècle du tournant de l'attitude européenne face au sacré. La musique s'y donne comme le langage le plus approprié pour s'approcher de la cognitio Dei experimentalis et la traduire. L'écrit mystique se révèle un lieu privilégié pour saisir la dimension sémiotique et symbolique, cognitive et performative de la musique dans la culture médiévale et humaniste.
Annales encyclopédiques
The book examines the use of mystical imagery in the literary works of the 16th-century Spanish writers and mystics, Santa Teresa de Jesus and San Juan de la Cruz. In addition to the variety of sources on which they draw and the influence they exercise on later generations, what emerges in the study is a multivalent use of diverse images that is the mystics' means of grappling with the ineffable nature of mystical union."
Le présent ouvrage représente l'aboutissement de recherches consacrées à l'étude d'un domaine qui, malgré son importance, restait à ce jour pratiquement inexploré : la constitution et le fonctionnement dans l'Espagne des Habsbourgs d'un code du point d'honneur qui se donne le duel pour horizon symbolique. La satisfaction ou la réparation des offenses faites à l'honneur s'inscrivent en effet dans un système que les contemporains appellent fréquemment ley del duelo. Mais si le duel semble être l'aboutissement logique d'un tel système, il n'en est pas l'issue exclusive, car le code du point d'honneur a ses experts qui orientent les sectateurs de la loi du duel vers des solutions aussi diverses que la réconciliation courtoise, la rixe spontanée, le duel feint ou encore la vengeance préméditée. Pour appréhender un code de comportement complexe et son impact sur les mentalités, il a fallu étudier un corpus varié depuis la littérature juridique jusqu'à la littérature de divertissement (romans de chevalerie, théâtre, Cervantes) en passant par l'imposante masse de littérature morale (casuistes, confesseurs, juristes, moralistes et tratadistas en tout genre) et...
Le présent ouvrage intervient comme le second tome d’une ample et belle étude sur la doctrine christologique des deux grands mystiques espagnols, Thérèse de Jésus et Jean de la Croix. Après son introduction à la pensée de Thérèse sur le Christ, le même auteur, procédant avec une égale compétence, dans le même esprit et suivant une identique démarche, nous propose ici une présentation du « Christ de Jean de la Croix ». Jean de la Croix (1542-1591), de son nom premier en religion Jean de saint Matthias, ordonné prêtre tout fraîchement et envisageant d’entrer à la Chartreuse après ses brillantes études théologiques à Salamanque, fut directement sollicité par Thérèse pour continuer l’œuvre fondatrice qu’elle avait initiée, et, ce faisant, assurer la mise en œuvre décisive de sa Réforme. À la faveur des charges qui lui furent confiées, celles de maître des novices et de recteur de collège de théologie, celui que l’on appellera le « Docteur mystique » sut modeler, avec le charisme d’un vrai fondateur et d’un père spirituel sans pareil, la réforme thérésienne des Carmes Déchaussés. La compassion pour tous ceux et celles...
Pour l'historien plus familier du reste de l'Europe médiévale, et particulièrement de la France, qui aborde Tolède et ses campagnes dans la seconde moitié du XVe siècle, le paysage offre peu de traits susceptibles de le dérouter au premier abord. Cependant déjà, à ce premier niveau d'examen, un certain nombre de traits ne peuvent manquer de retenir l'attention et, montrent que, s'il existe de grandes analogies avec les villes et les campagnes de l'Europe moyenne, il n'est pas possible d'appliquer tout uniment ses schémas valables au Nord des Pyrénées, et, surtout, que cette analogie est probablement le résultat d'une évolution toute différente. Fait d'une succession d'exposés denses, l'ouvrage de Jean-Pierre Molénat réunit une masse considérable d'informations sur les structures sociales, économiques et institutionnelles de la cité et de l'influence qu'elles ont exercée sur l'organisation de l'espace rural qu'elle contrôlait. De celui-ci il a minutieusement décrit le retour à la vie, longtemps retardé par les incursions de plus ou moins grande envergure des Almoravides puis des Almohades. Les membres de l'oligarchie urbaine, maîtres du sol, ont visé à ...